Sergueï Vassilievitch Rachmaninov est né à Semionovo, près de Novgorod, dans l’ouest de la Russie (même si l’on a longtemps considéré qu’il était natif d’Oneg, dans la même région), le premier avril 1873. C’est le quatrième des six enfants d’aristocrates russes qui, à cause de difficultés financières, déménageront à Saint-Péterbourg puis se sépareront peu après.
Dès ses neuf ans, il étudie le piano au Conservatoire de Saint-Pétersbourg après avoir commencé avec sa mère et obtenu une bourse. Là bas, sa paresse, excepté pour le piano, devient une légende (et la nôtre, alors ?) et il frôle le renvoi en 1885. Trois ans plus tard, il poursuit ses études musicales à Moscou (cours de Nikolay Zverev et Alexander Siloti au piano) où il rencontre, entre autres, Piotr Ilitch Tchaïkovski qui apprécie ses talents de pianiste.
Rachmaninov devient un fidèle de la maison de Zverev qui héberge de nombreux autres musiciens comme Tchaikovski, Anton Rubinstein ou Alexandre Konstantinovitch Glazounov. Il s’y discipline et commence à composer mais cela engendre un conflit avec son protecteur qui voudrait en faire un virtuose du piano. Cependant, ce brave Zverev ne se montrera pas trop obstiné : après le succès de l’opéra en un acte Aleko (créé en 1893 et qui lui vaudra la médaille d’or de composition), il acceptera la vocation de Rachmaninov.
En 1897, le compositeur présente sa première symphonie (op. 13). Malheureusement, la création, dirigée par un Glazounov visiblement ivre, est un échec retentissant et Rachmaninov sombre alors dans une dépression dont il ne sortira que quatre ans plus tard grâce à l’énorme succès de son deuxième concerto pour piano (op. 18), et, entre temps, au traitement du médecin neurologue et hypnotiseur Dahl (Nicolas, pas Roald). Il dirige de 1904 à 1906 les représentations lyriques du théâtre Bolchoï et s’établit par la suite à Dresde, tout en travaillant principalement à Moscou.
En 1909, il fait sa première tournée aux États-Unis, où il obtient un immense succès grâce notamment à son troisième concerto (op. 30), écrit pour la circonstance. On lui propose alors le poste de chef permanent de l’Orchestre symphonique de Boston, qu’il refuse.
En 1917, la révolution russe le conduit à quitter définitivement son pays natal. C’est à cette époque qu’il écrit un petit prélude pour piano seul, empreint de nostalgie et de sombres sentiments, prélude à son départ douloureux. Avec son ami Nikolai Medtner, il entame alors une carrière de pianiste virtuose qui le conduit à délaisser quelque peu la composition : il n’écrira plus aucune œuvre jusqu’en 1926, puis seulement six jusqu’à sa mort. L’une d’entre elles, toutefois, deviendra célèbre : il s’agit de la Rhapsodie sur un thème de Niccolò Paganini, opus 43, en fait une série de variations pour piano et orchestre sur le 24e caprice de Paganini, publiée en 1934.
Rachamninov décède à Beverly Hills (Californie, mais on ne présente plus !) le 28 mars 1943 : il allait avoir 70 ans. Quelques heures auparavant, il affirmait pouvoir entendre, tout près de lui, de la musique. Son entourage lui faisant remarquer que ce n’était pas le cas, il en conclut : "Alors, c’est ma tête". Il fut enterré le 1er juin au cimetière de Kensico (Valhalla, New York).
Du point de vue du style, ce ne fut pas réellement un innovateur : ses compositions restent fermement ancrées dans la tradition romantique du XIXe siècle, même s’il a tenté progressivement d’utiliser une palette harmonique un peu plus étendue. La force de son écriture musicale réside donc ailleurs; en effet, son opus l’île des morts est un chef-d’œuvre orchestral comme il n’en existe pas beaucoup dans la littérature musicale : c’est une exposition, des images sentimentales à l’état pur ponctuée par des harmonies souvent riches, une ligne mélodique qui nous plonge dans le mystère existentiel du cœur et de la pensée.