Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Piazzolla
Fils d’immigrés italiens, Astor Piazzolla naît le 11 mars 1921 à Mar del Plata (Argentine) et meurt le 4 juillet 1992 à Buenos Aires. En 1924 (entre sa troisième et sa seizième année), sa famille s’installe à New-York où Astor commence l’étude du bandonéon, sorte de petit accordéon que son père lui a offert pour ses neuf ans (à sa grande déception car il aurait préféré un saxophone). Un jour qu’il y jouait dans la cour de son immeuble, l’enfant entend la musique de Johann Sebastian Bach que répète le pianiste virtuose Bela Wilda. Fasciné, il demande à prendre des cours avec cet élève de Sergueï Rachmaninov. De retour à Buenos Aires en 1937, il poursuit sa formation classique avec Alberto Ginastera. Il gagne sa vie comme bandonéoniste mais assiste régulièrement à des concerts classiques.
Au début des années 1950, Astor Piazzolla se tourne vers la compositionet obtient une bourse du gouvernement français qui lui permet d’étudier à Paris avec Nadia Boulanger Cette dernière l’incitera à rester fidèle à ses racines et à la musique de son pays natal : le tango.
Piazzolla dira lui-même, se souvenant de sa jeunesse : « C’était le temps de la prohibition et de la mafia... je traînais plus souvent dans les rues qu’à l’école... mon univers musical se construisit peu à peu à cette époque autour du jazz, de Duke Ellington à Cab Calloway que j’allais écouter à la porte du Cotton Club, n’ayant ni l’âge ni les moyens d’y entrer. Mon père, lui, passait religieusement sur le gramophone les tangos nostalgiques de Carlos Gardel. Pour mon neuvième anniversaire il me fit cadeau d’un bandonéon et je pris des cours avec un professeur qui m’initia à la musique classique. »
Revenu en Argentine, Piazzolla fonde un quintette avec lequel il multiplie les concerts et favorise la diffusion du tango dans le monde entier. En 1967, il compose un opéra-tango qui reçoit un vif succès à l’étranger, mais sera contesté en Amérique du Sud. Parmi les nombreuses compositions qu’il destine à son quintette citons entre autres Muerta del àngel (La mort de l’ange : écouter).
Les positions politiques d’Astor Piazzolla lui valent une haine profonde du gouvernement argentin. Il n’hésite donc pas, en 1971, à l’instar de Ginastera, à s’installer de nouveau à Paris. Dès lors, les commandes affluent : il compose un concerto pour violoncelle commandé par l’ONU, écrit la musique de scène de Songe d’une nuit d’été pour la Comédie Française ainsi que plusieurs musiques de film.
En 1974, il monte le Conjunto Electronico, avec orgue Hammond, marimba, flûte, guitare basse électrique, batterie et violons. Avec ce groupe, il enregistre l’album Libertango, qui comporte huit morceaux, diversement instrumentés, dont Adios Nonino (écouter) : le succès est planétaire. Dans les années qui suivent, il se rapproche à nouveau du jazz :avec le saxophoniste Gerry Mulligan, il enregistre un album (écouter un extrait).
De 1979 à 1988, Astor Piazzolla renoue avec son quinteto d’avant. Le succès est au rendez-vous. Pourtant il doit encore se battre contre ses détracteurs alors que le tango nuevo est reconnu mondialement. En 1988, il dissout le quintette et forme un nouveau groupe, un sextuor qui lui rappelle sa jeunesse. Mais rapidement, l’ambiance se dégrade au sein du groupe et il est peu convaincu par ce projet qu’il abandonne en 1990 pour se reproduire en solo. La même année, il subit une attaque cérébrale dont il ne se remettra pas. Deux ans plus tard, le 4 juillet 1992, il meurt à Buenos.
L’art d’Astor Piazzolla s’est imposé à notre conscience d’occidentaux à peu près au moment où Neruda, Marquez, Vargas Llosa, Borges et nombre d’autres voix saisissantes de la littérature latino-américaine commencèrent à modifier notre façon de considérer le monde.