Ernest Yitzhak Bloch, né le 24 juillet 1880 à Genève (Suisse) et mort le 15 juillet 1959 à Portland (États-Unis) est un compositeur, violoniste, chef d’orchestre et pédagogue suisse, naturalisé américain en 1924. Il se juge lui-même comme « un fossile absolument perdu en cette époque à laquelle je n’appartiens pas ».
Ernest Bloch commence ses études à Genève, part se perfectionner à Bruxelles où il étudie le principe de la forme cyclique. De 1900 à 1903, il poursuit sa formation en Allemagne ; ses premières compositions datent de cette période. Puis il s’installe une année à Paris et y rencontre Achille Claude Debussy dont l’influence se fait sentir dans son poème symphonique Hiver-Printemps (1904 : écouter le début). De retour à Genève, il débute dans la direction d’orchestre à Lausanne et à Neuchâtel. Sa rencontre en 1905 avec l’écrivain nationaliste juif Edmond Fleg le réconcilie avec ses origines juives qu’il avait ignorées jusqu’alors. Il se plonge totalement dans l’étude de la culture juive qui imprègnera désormais toute sa musique.
Incompris en Europe, il émigre aux États-Unis. L’Amérique lui offre un premier engagement de chef d’orchestre en 1916 puis d’enseignant en 1917, à New York. Entre 1920 et 1952, il dirige différentes institutions musicales américaines, à Cleveland, à San Francisco et en dernière partie de vie, il enseigne à l’Université de Californie à Berkeley. À partir de 1943 environ, il s’installe dans l’Oregon à Agate Beach, près de plages désertes, et s’intéresse à la photographie et aux pierres d’agate qu’il polit.
Son œuvre abondante révèle un solide métier ainsi que la richesse et la diversité de ses influences. Il y a bien sûr la culture juive qui transparaît dans sa rhapsodie hébraïque Schelomo pour violoncelle et orchestre (1917 : écouter le début). Dans son Concerto grosso pour cordes et piano obbligato (1925), il ressuscite une ancienne forme baroque (écouter le début). Dans son Concerto pour violon et orchestre (1938), il nous emmène dans les grandes plaines de l’Ouest américain (écouter le début), alors que la fugue de son Concertino pour flûte, alto ou clarinette et cordes (1950) est un clin d’œil à Johann Sebastian Bach (écouter).
Ernest Bloch définit ainsi son esthétique : « J’écris pour la douzaine d’êtres humains qui comprennent, par-delà une musique qui se rit de la mode, les vérités éternelles que j’ai tâché, humblement, d’exprimer. »