Deux formes de notations coexistent :
La notation alphabétique héritée des Grecs
La notation par « neumes accents », très imprécise
Dans le courant du Xe siècle, on a l’idée de tracer une ligne pour fixer une hauteur autour de laquelle les neumes s’ordonnent. Cinquante ans plus tard, on se sert de deux lignes, l’une rouge, précédée d’un F, ancêtre de la clé de fa, l’autre jaune, précédée d’un C, ancêtre de la clé d’ut).
L’invention de la notation a des conséquences immenses qui vont conditionner tout l’avenir de la musique occidentale. D’abord simple moyen mnémotechnique, l’écriture sert peu à peu à noter de nouvelles mélodies.
Au XIe siècle, ces compositions, plus rythmées et plus faciles, deviennent très populaires. On les chante même en dehors de l’église : lors des processions, en contant la vie des saints ou les exploits des chansons de geste. On les retrouve aussi dans le théâtre religieux et beaucoup d’entre elles deviendront des chansons populaires et inspireront les troubadours.
Progressivement, les chantres prennent des libertés avec les règles. Du fait de l’émiettement de la société féodale, ils sont moins dépendants des autorités. Aussi, ils s’enhardissent à inventer de nouveaux chants, d’abord monodiques puis à plusieurs voix (écouter un Sanctus à 2 voix). C’est le début de la polyphonie.
L’écriture se perfectionne au fur et à mesure que le langage musical se complique. Désormais, la porte est ouverte à l’invention des compositeurs.
L’Occident n’est certes pas le seul à avoir cultivé la polyphonie. Mais, grâce à l’écriture, il a vite atteint une très grande complexité comme le montre la partition ci-contre : Messe de Notre Dame de Guillaume de Machaut (c.1300-1377).
La notation moderne de la fin du Kyrie de cette même Messe permet de mesurer la virtuosité rythmique de l’écriture (écouter).
Apparition des notes blanches. Exemple ci-dessous : Le Chant des Oiseaux de Clément Janequin (1485-1558 : écouter un extrait).
La notation moderne est née. Exemple : Art de toucher le clavecin de François Couperin (1668-1733 : écouter Les petits moulins à vent).
Au fil du temps, on voit apparaître dans les partitions des indications qui précisent les nuances voulues par le compositeur : en italien généralement (le crescendo d’Antonio Vivaldi, le rubato de Frédéric Chopin...) mais aussi dans la langue du compositeur (Couperin demande vivement, tendrement, agréablement..., Achille Claude Debussy sans lourdeur, doucement expressif, murmuré...). Erik Satie s’est fait une spécialité des annotations saugrenues : énigmatique, fatigué, munissez-vous de clairvoyance, postulez en vous-même, très luisant, portez cela plus loin...
Les recherches des compositeurs les amènent à élaborer leur propre mode de notation sous forme de partition graphique.
Exemples : partition de Hans-Christoph Steiner pour Solitude, créée en utilisant un logiciel informatique.
Karlheinz Stockhausen (1928-2007) : Kontakte, musique électroacoustique et piano (écouter le début) :
Selon la tradition, c’est Guido d’Arezzo, en 1028, alors qu’il peinait à former de jeunes chanteurs dans une communauté religieuse d’Italie. Constatant que la mémorisation pure et la répétition de mélodies étaient trop laborieuses, il eut l’idée de nommer les notes et trouva un moyen mnémotechnique simple. Il s’inspira de l’hymne de Saint Jean dont il détacha la première syllabe au début de chaque verset :
Dans un premier temps, la gamme utilisée par Guido d’Arezzo ne comportait que 6 notes. On a donc obtenu : ut, ré, mi, fa, sol, la.
Le "si" n’est nommé qu’à la fin du XVIe siècle : le passage à l’ère baroque bouleverse toutes les règles de composition, le système modal se mue progressivement en un système tonal qui nécessite qu’une nouvelle hauteur soit nommée entre le "la" et l’"ut".
"Ut" deviendra "do" au XVIIe siècle : en 1640, G. Doni propose la syllabe do, plus facile à chanter, pour remplacer l’ut.