Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Gershwin
George Gershwin (né Gershowitz) voit le jour le 26 septembre 1898 à Brooklyn (New York) dans une famille pauvre de juifs immigrés. Il fait son éducation dans la rue (il déteste l’école) mais dès qu’il s’assoit devant un piano, il joue avec tant de facilité que ses parents lui payent des leçons. En 1912, il fait la connaissance de Charles Hambitzer qui devient son mentor jusqu’à sa mort. Hambitzer lui enseigne les techniques du piano traditionnel, lui présentant les œuvres des grands compositeurs européens. À 15 ans, il quitte l’école et commence à travailler chez un éditeur de musique, ce qui lui permet de continuer ses études musicales.
À 18 ans, il obtient un travail d’accompagnateur dans une maison de production de spectacles pour lesquels il a l’occasion de proposer ses chansons et de recevoir les conseils d’excellents compositeurs. Grâce à ses nouvelles relations, il décroche le poste de compositeur dans une maison de publication pour laquelle il compose ses premières comédies musicales. En 1919, sa chanson Swanee lui vaut un succès national.
Gershwin parvient maintenant à gagner sa vie avec les chansons qui ponctuent ses comédies musicales, chansons dont son frère Ira est le parolier (écouter la célèbre S’Wonderful). Sa réputation s’étend rapidement. Au milieu des années 20, il enchaîne les tournées internationales et s’installe temporairement à Paris, où il fréquente le Conservatoire américain de Fontainebleau. Ce séjour lui inspire l’œuvre célèbre qu’il écrira en 1928 : An American in Paris.
Quand Gershwin écrit Un Américain à Paris, il utilise à certains endroits des klaxons d’automobile pour mieux évoquer l’atmosphère de la capitale. Par souci d’authenticité, il avait ramené de Paris de vrais klaxons de taxi. Depuis la mort du compositeur en 1937, les interprétations de cette pièce mythique utilisent des instruments qui se rapprochent de ces vieux klaxons en suivant les indications de la partition. Or un musicologue vient de découvrir que la tonalité des klaxons de l’époque n’était pas la même que dans les versions plus récentes. Force est donc de constater que depuis 70 ans les percussionnistes jouent des notes qui ne sont pas fidèles à ce qu’imaginait le compositeur : écouter successivement un enregistrement de l’époque et les klaxons d’aujourd’hui… on entend nettement qu’ils sont plus haut !
L’année 1924 marque un tournant dans sa carrière : pour une revue organisant un concert « What is American Music ? », il écrit en 3 semaines la partition pour 2 pianos de Rhapsody in Blue. Il demande à Ferde Grofé de l’orchestrer, se sentant encore trop inexpérimenté. Le jour du concert, il improvise les cadences (écouter la fin du 1er mvt). Le succès est immense.
Apprécié pour ses chansons, il aimerait aussi être reconnu comme un compositeur classique. En 1925 il présente son Concerto en fa (écouter la fin).
En 1928, Maurice Ravel se trouve aux États-Unis pour une tournée de concerts. Gershwin en profite pour rencontrer celui qu’il admire tant et solliciter son enseignement. Celui-ci répond hélas par la négative : « Vous perdriez la grande spontanéité de votre mélodie pour écrire du mauvais Ravel... Pourquoi seriez-vous un Ravel de seconde classe, alors que vous pouvez devenir un Gershwin de première classe ? ». On attribue aussi à Ravel une réplique beaucoup plus prosaïque : « S’il est vrai que vous gagnez des centaines de milliers de dollars avec vos chansons, c’est plutôt à vous de me donner des leçons !»
Après avoir collaboré à de nombreuses comédies musicales, Gershwin se décide enfin à composer un opéra "sérieux" : ce sera Porgy and Bess, où l’on retrouve le mélange des styles qui caractérise sa manière (1935 : écouter Summertime). Il meurt deux ans plus tard, le 11 juillet 1937 à Los Angeles (Californie), victime d’une tumeur cérébrale.
En grandissant dans les quartiers de New York, Gershwin fut exposé à d’innombrables genres de musique. Il a su faire la synthèse des mélodies traditionnelles juives, de la chanson populaire en vogue, du jazz naissant et du classique européen dont il a appris peu à peu à maîtriser les techniques d’écriture. Il admirait Achille Claude Debussy, Dimitri Chostakovitch, Igor Stravinski, Darius Milhaud… Au cours de ses voyages il avait rencontré Sergueï Sergueïevitch Prokofiev, Kurt Weill, Franz Lehár et Alban Berg, parmi d’autres ; il connaissait également Arnold Schönberg, dont il ne comprenait pas la musique, mais qui était son partenaire au tennis.
Contenant à la fois des éléments du modernisme classique et de la musique populaire américaine, Gershwin a souvent subi des critiques venant de tous bords : des tenants de la musique "noble" mais aussi des jazzmen (qui ont cependant largement adopté les thèmes de ses chansons). Il était d’ailleurs très conscient lui-même de ses limites et il a cherché toute sa vie à enrichir sa culture musicale. Mais c’est peut-être ce côté bric-à -brac de sa formation qui fait l’originalité de son style ; il demeure le meilleur représentant de l’Amérique de l’entre-deux-guerres et représente un des aspects incontournables de la musique de son pays (écouter le final de Porgy and Bess).