Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Bingen
Hildegard von Bingen (ou de Bingen) est une religieuse bénédictine allemande née vers 1098 à Bermersheim vor der Höhe en Rhénanie et morte le 17 septembre 1179 à Ruppertsberg (près de Bingen qui est aussi en Rhénanie). Souvent qualifiée de rayonnante, c’est avant tout une visionnaire mystique. Personnage hors du commun, elle accumule les talents de compositrice, femme de lettres et médecin. Considérée comme une sainte dès le XIIe siècle, elle sera officiellement canonisée et nommée Docteur de l’église en 2012 par le pape Benoît XVI.
Hildegarde affirmait avoir composé sans rien savoir de la composition, par la simple écoute de Dieu. Son don fut de transformer une audition indicible en parole musicale. Lors d’une vision surnaturelle, elle entendit, dans de l’air rayonnant de lumière, des « musiques merveilleuses, louanges pour les joies d’en haut ». C’est de ses visions qu’Hildegarde a tiré sa métaphysique de la musique, joignant dans un même esprit la théorie et la pratique : « Entends dans la musique le chant venant de l’ardeur enflammée de la pudeur virginale d’une tige épanouie dans l’embrassement des mots, le chant venant de la pointe des vivantes lumières qui vivent dans la cité d’en haut, le chant de la prophétie des profondes paroles, le chant venant de l’extension de l’apostolat des paroles merveilleuses, le chant de l’effusion du sang de ceux qui s’offrent fidèlement, le chant du ministère des secrets sacerdotaux et le chant des vierges toutes simples qui fleurissent dans la verdeur d’en haut. » (Scivias ou Livre des visions, IIIe partie, 13e vision).
Dès l’âge de huit ans, elle ressent ses premières visions et entre au couvent des bénédictines de Disibodenberg sur le Rhin où elle reçoit une excellente instruction. À 14 ans, elle prononce ses vœux perpétuels et reçoit le voile monastique. En 1136, Hildegard est élue abbesse de son couvent, à l’âge de 38 ans. Elle commence à 43 ans à consigner les visions qu’elle a depuis l’enfance. Elle tente aussi d’exprimer ses visions à travers la musique. En 1147, elle fonde l’abbaye de Rupertsberg.
Entre 1151 et 1158, elle transcrit et compile ses compositions musicales destinées à être chantées par les sœurs du couvent. Hildegard a notamment composé plus de 70 chants monodiques liturgiques, hymnes et séquences mélismatiques, remarquables par leurs richesses et leurs nouveautés. Ils se caractérisent notamment par un ambitus pouvant atteindre 2 octaves et demie (alors qu’à l’époque le chant était contenu dans une seule octave) et par des sauts de grands intervalles qui s’élancent vers le ciel (écouter). L’ensemble de ces chants forme la collection Symphonia harmoniae celestium revelationum (Symphonie de l’harmonie des révélations célestes), un titre qui indique que la musique, d’inspiration divine, naît d’un accord secret entre l’âme humaine (qui est "harmonie symphonique céleste ") et le corps (qui réalise le chant par des moyens terrestres). Elle compose également un drame liturgique intitulé Ordo virtutum (Le jeu des vertus), qui comporte 82 mélodies mettant en scène les tiraillements de l’âme entre le démon et les vertus.
En 1165, elle fonde l’abbaye d’Eibingen (pas loin de là où j’ai étudié d’ailleurs, si ça vous intéresse) où elle meurt en 1179, à l’âge vénérable pour l’époque de 81 ans. Abbesse au XIIe siècle, Hildegard von Bingen profite de l’apogée contemporaine de la visibilité des femmes (situation qui ne durera pas car progressivement, les couvents passeront sous l’autorité d’un père supérieur). Grâce aux récentes et nombreuses recherches musicologiques sur les compositrices, l’œuvre musicale, bien négligée jusqu’alors, de cette singulière figure de la musique médiévale est finalement aujourd’hui couronnée de succès (écouter Rex Noster Promptus Est).
« On a glorifié et encensé Vinci jusqu’à nos jours, mais on a oublié et enterré l’œuvre de Hildegarde de Bingen, en dépit de sa grande valeur. Une œuvre immense, consignant dans des livres denses ses visions, l’expression musicale et poétique de ses soixante-dix chants et hymnes, la richesse de sa correspondance, l’élaboration d’une langue et d’un alphabet nouveaux, deux ouvrages médicaux, les seuls au XIIe siècle, tout cela constituant une véritable encyclopédie des connaissances du temps en matière de sciences naturelles et de médecine.
Elle fut la seule femme du Moyen Âge à transmettre par écrit les pratiques de guérison d’une "sage femme" et à comprendre aussi, que pour soigner, il fallait s’occuper de la personne en totalité. L’alimentation et la phytothérapie prennent une place essentielle dans la pharmacopée de Sainte Hildegarde en passant par le jeûne qui a de profondes vertus curatives. De nombreux conseils pratiques, des recettes, des remèdes à la portée de tous : c’est un excellent guide pour celui ou celle qui recherche un mieux être tant du point de vue spirituel que sur le plan de la santé. » (par Jérémie Rousseau sur le site de France-Musique).
Pour en savoir plus sur cette personnalité hors du commun, voici un extrait d’une émission d’Anne-Charlotte Rémond sur France musique : écouter