Johannes Ockeghem est un compositeur franco-flamand né vers 1410 (peut-être), à Saint-Ghislain (peut-être), tout près de Mons en Belgique, et mort le 6 février 1497 à Tours en France (ça, c’est sûr). Il est considéré comme le chef de file de la génération des compositeurs entre Guillaume Dufay et Josquin des prés. On ignore tout de sa formation mais il a probablement été un élève de Gilles Binchois.
Après un bref passage (1443-1444) à la cathédrale d’Anvers où il a été chantre (c’est attesté par des livres de comptes soigneusement archivés par le diocèse), il fait sa carrière en France, d’abord à la cour du duc de Bourbon, puis à la "chapelle du Roy" à partir de 1451. Il sert ainsi plusieurs souverains, d’abord comme "premier chapelain" puis comme "maître de chapelle" à partir de 1465 jusqu’à sa mort. Il a aussi mené une activité diplomatique qui l’a amené à voyager, entre autres en Espagne ; mais il ne s’est jamais rendu en Italie pour parfaire sa formation comme beaucoup de ses confrères.
Ockeghem a (sans doute le premier) donné à ses œuvres profanes et religieuses un style différent. C’est à la musique religieuse qu’il a donnée la priorité en cherchant à transmettre une réelle impression de grandeur et de puissance. Son habileté contrapuntique y éclate dans son Deo gratias à 36 voix (écouter le début). La Missa cujusvis toni, peut être (comme son nom l’indique) transposée dans n’importe quel ton (écouter le Kyrie). Une autre preuve de sa virtuosité est constituée par la Missa Prolationum (voir introduction musicale) : dans le manuscrit, une seule voix est copiée mais elle est écrite pour deux chanteurs à des vitesses différentes. Pour obtenir une polyphonie à quatre voix, le manuscrit ne comporte donc que deux parties ; en outre, le compositeur emploie dans ses canons tous les intervalles possibles (à l’unisson, à la tierce, à la quarte, à la quinte, à la sixte, à la septième et à l’octave). Mais ces prouesses techniques n’empêchent pas la spontanéité du compositeur ni son goût de l’expression. L’intérêt intellectuel va de pair chez Ockeghem avec l’émotion immédiate.
On conserve de lui 13 messes, un requiem (le plus ancien ayant survécu), un credo isolé, une dizaine de motets et une vingtaine de chansons. Sa réputation a vite franchi les frontières et il a été reconnu de son vivant : vers 1480, ce sont ses œuvres et non plus celles de Guillaume Dufay qui sont proposées comme modèles. Sa mort a été marquée par de nombreuses Déplorations, notamment celles de Josquin des prés (écouter le début).