Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Schütz
Heinrich Schütz est né à Köstritz, en Saxe (dans l’est de l’Allemagne), le 8 octobre 1585. Il est le fils d’aubergistes assez aisés, qui lui font profiter d’une excellente éducation générale : il apprend le droit mais aussi la musique en tant que choriste.
Sa jolie voix attire l’attention du Landgrave de Cassel qui devient son protecteur. Il se destine au droit mais le Landgrave l’envoie en 1609 à Venise parfaire ses connaissances musicales auprès de Giovanni Gabrieli. Une amitié profonde réunit les deux hommes et le jeune Schütz assimile parfaitement l’écriture polyphonique et les règles du contrepoint. Il s’initie aussi au nouveau style concertant et à la basse continue.
Quand Gabrieli décède, en 1612, Schütz rentre au pays et veut reprendre ses études de droit mais son protecteur ne l’entend pas de cette oreille et l’engage comme organiste. Sur ce, l’Électeur de Saxe qui, lui aussi, a eu l’occasion d’apprécier les talents du jeune musicien fait valoir son rang supérieur au Landgrave, et l’enrôle en 1617 comme maître de chapelle. Le voilà donc, presque malgré lui, responsable de la plus importante cour protestante d’Allemagne, fonction qu’il assumera avec conscience et bonheur tout au long de sa vie. En 1627, son opéra ”Dafne” (le premier opéra allemand, malheureusement perdu aujourd’hui) est créé à Torgau à l’occasion du mariage d’une fille de son employeur.
En 1628, Schütz effectue un nouveau voyage en Italie, dans le but de se perfectionner dans le nouveau style monodique et afin surtout d’étudier la technique du célèbre Claudio Monteverdi. Il rencontre ce dernier à Venise et en restera très influencé.
Une grande partie de sa vie est attristée par l’interminable guerre de Trente ans, conflit religieux puis politique qui déchire l’Europe entre 1618 et 1648. De 1633 à 1645, il fuit la guerre, qui fait rage en Saxe, et s’exile au Danemark mais retourne de temps en temps à Dresde. Puis, il réorganise la chapelle de Dresde en faisant augmenter les salaires de ses musiciens. Il tentera plusieurs fois de démissionner, mais on lui refusera toujours.
Schütz meurt d’une attaque d’apoplexie le 6 novembre 1672, à Dresde, à l’âge de 87 ans.
Malgré les difficultés pour mener sa carrière il composa jusqu’au bout une musique très pensée, à la fois inventive et sereine, qui allie l’exubérance de l’Italie à la rigueur de l’Allemagne protestante (écouter la n° 2 des Sept dernières paroles du Christ, 1645). Il est aujourd’hui considéré comme le plus grand compositeur allemand avant Johann Sebastian Bach et certains en font l’égal de Monteverdi.
Il écrit essentiellement des compositions religieuses mais il est également l’auteur des ”Madrigaux italiens” (1611 : écouter le n° 8 ”Fuggi o moi core”) et d’un opéra perdu, ”Daphne” (1627).
Si la musique de ses débuts est profondément influencée par l’Italie, ses compositions deviennent plus austères avec la maturité : c’est probablement une des conséquences économiques de la guerre de Trente Ans qui ne permettaient plus de jouer des œuvres de grande ampleur. Exemple : ses ”Cantiones sacrae” (1625 : écouter la 1ère).
Il ne semble subsister aucune de ses pièces instrumentales, alors que sa réputation d’organiste était grande, mais les organistes improvisaient leur musique et la publiaient assez rarement. Il influença cependant durablement l’école d’orgue d’Allemagne du Nord, dont le plus célèbre représentant est Sweelinck.
Dans son œuvre abondante, on peut également distinguer les ”Musikalische Exequien” (”Musiques pour des obsèques”, 1636 : écouter le début).
Petite curiosité : son surnom ”le Sagittaire” est un jeu de mot sur son nom ; le terme latin ”sagittarius”, qui signifie « l’archer », évoque en effet le nom de l’auberge familiale « Zum Schützen » (à l’Archer).