Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Gluck
Né le 2 juillet 1714 à Erasbach (au nord de Munich, Allemagne du sud), Christoph Willibald Gluck montre très tôt des dispositions pour la musique mais son père préfère que, comme lui, il devienne garde-chasse dans les forêts de Bavière. L’enfant apprend alors seul à jouer de quelques instruments, sans que beaucoup plus de détails nous soient parvenus.
En 1736, il commence sa carrière chez le prince Ferdinand Philipp Lobkowitz. Mais à Vienne, l’Empereur impose son goût pour l’opéra italien et Gluck décide de se perfectionner dans ce domaine en partant pour Milan en 1737, au service du prince lombard Melzi. Il restera là -bas pendant huit ans. Ses premières années se déroulent auprès du célèbre Giovanni Battista Sammartini. Il donne son premier opéra (Artaserse) en 1741.
En 1745, Gluck part à Londres avec son ancien protecteur, le prince Lobkowitz. Il rencontre Georg Friedrich Haendel et on joue son opéra La Caduta dei Giganti. C’est un échec total (tout comme le second, Artamene en 1746), et G.F. Haendel dira de Gluck qu’il « maîtrise moins bien le contrepoint que son cuisinier« . Vexant... Mais le compositeur déchu ne s’avouera pas battu : il se forge une réputation de virtuose...de l’harmonica de verre, et gagne la sympathie du public anglais.
En 1746, Gluck quitte l’Angleterre avec une compagnie d’opéra italien pour parcourir l’Europe : Dresde, Hambourg, Vienne, Copenhague... Autant de villes qui le font connaître. À Vienne en 1750, il reçoit maintenant des commandes de l’étranger. Une de ses partitions les plus remarquables date de cette époque : La Clemenza di Tito (La clémence de Titus) dont le livret servira également à Wolfgang Mozart en 1791.
À Vienne où il s’installe en 1752, il enchaîne les succés : Le Cinesi (Les Chinoises) qui séduit l’empereur allemand en visite, La danza, L’innocenza giustificata, Antigono (écouter le début sur youtube) qui est créé à Rome à la suite d’une commande. Le succès de cette œuvre vaut à son auteur les titres de « Comte palatin de Latran » et de « Chevalier de l’Éperon d’or » (whaouh !).
À partir de 1758, Gluck s’intéresse au vaudeville français dont le chant est plus sobre. Il y consacre quelques compositions telles que L’ivrogne corrigé (1760), Le Cadi dupé (1761), La rencontre imprévue (1764). Son incursion dans le genre de l’opéra-comique qui est un genre spécifiquement français, lui permet de se familiariser avec la prosodie française ; son style évolue également vers plus de simplicité et de naturel dans le but d’obtenir une expression des sentiments toujours plus authentique : deux points dont l’importance se révélera par la suite fondamentale.
Depuis plusieurs années, Gluck médite une nouvelle conception du drame. Sa collaboration avec le poète Ranieri de’ Calzabigi sera décisive. S’inspirant des idées soutenues à Paris notamment par les encyclopédistes (Diderot, Rousseau, Grimm), Gluck et Calzabigi engagent une réforme radicale qui réclame essentiellement une plus grande fluidité entre le récitatif et l’aria pour donner plus de continuité au drame. Le premier opéra qui incarne la « réforme » est Orfeo ed Euridice créé en 1762 à Vienne (écouter des extraits : Lamentations et Danse des Furies).
Par cette œuvre, Gluck jette les bases de l’opéra moderne : refus du récitativo secco, de l’aria da capo et de la pure virtuosité, au profit du sujet et de la couleur orchestrale. Il en résulte un équilibre extrêmement harmonieux entre les voix, la musique et une riche expression dramatique.
À Paris, Gluck donne en août 1774 une version enrichie de son Orfeo qui devient Orphée et Euridice. Il obtient l’appui de Marie Antoinette car il est son ancien professeur de musique. Après de longues démarches, son opéra Iphigénie en Aulide est créé à l’Opéra de Paris le 18 avril 1774 et c’est un triomphe. Puis c’est le tour d’Alceste en 1876 (écouter l’air Divinités du Styx). Gluck « francise« ainsi plusieurs de ses opéras et obtient de vifs succès, ce qui vexe les tenants de l’italianisme qui se regroupent auprès d’un compositeur italien qui vient d’arriver à Paris : Niccolo Vito Piccinni. La Querelle des Bouffons, commencée vingt ans plus tôt avec Rameau, connaît une nouvelle flambée en opposant gluckistes et piccinnistes qui vont se livrer des joutes pendant plusieurs années.
Quand il se rend à Paris où il applique ses idées à l’opéra français, Gluck remet en question les habitudes de l’orchestre, des choristes et surtout des chanteurs. Jean-Jacques Rousseau en fait une savoureuse description dans La Nouvelle Héloïse : « On voit des actrices, presque en convulsion, arracher avec violence ces glapissements de leurs poumons, les poings fermés contre la poitrine, la tête en arrière, le visage enflammé, les vaisseaux gonflés, l’estomac pantelant : on ne sait lequel est le plus désagréablement affecté, de l’œil ou de l’oreille; leurs efforts font autant souffrir ceux qui les regardent, que leurs chants ceux qui les écoutent; et ce qu’il y a de plus inconcevable est que ces hurlements sont presque la seule chose qu’applaudissent les spectateurs. À leurs battements de mains, on les prendrait pour des sourds charmés de saisir par-ci par-là quelques sons perçants, et qui veulent engager les acteurs à les redoubler. »
Fatigué, Gluck retourne à Vienne en 1779 où il fait la connaissance de Mozart. Après plusieurs attaques, il y meurt le 15 novembre 1787.
Il sut mieux que personne réaliser la fusion des styles lyriques divers. Il reste, de nos jours, le grand réformateur de l’opéra français qui, près d’un siècle après Jean-Baptiste Lully (même revivifié par le génie de Rameau), manquait passablement d’imagination.
Il a exercé une influence profonde sur l’évolution du drame lyrique, notamment sur Mozart, qui applique génialement ses idées sur l’équilibre à trouver entre musique et drame. Au XIXe siècle, Hector Berlioz fait de Gluck un de ses dieux avec Beethoven. Sa version révisée d’Orphée et Euridice est encore jouée aujourd’hui.