Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Butterworth
George Sainton Kaye Butterworth est né le 12 juillet 1885 à Londres (dans le quartier de Paddington, comme l’ours dans le film homonyme), fils unique d’un juriste puis directeur d’une compagnie de chemins de fer, Alexander Butterworth, et de Julia (née Wigan), une ancienne soprano professionnelle. Pour des raisons professionnelles, Alexander et sa famille déménagent quelques années après la naissance de leur fils unique dans le Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre.
C’est de sa mère que George reçoit sa première éducation musicale et il fait rapidement montre de facilités pour le piano. Élève à l’école Aysgarth de 1896 à 1899, il tient parfois l’orgue de la chapelle pendant les offices religieux et commence à composer. C’est également un élève populaire et charismatique qui, comme tout bon Anglais, s’adonne au cricket.
Il poursuit sa scolarité à l’Université d’Eton, mais brille davantage en musique (il y crée une Barcarolle, aujourd’hui perdue, et continue le piano) et en sport que dans les matières plus académiques. De plus, il n’est pas très bon diplomate et son esprit indépendant s’adapte mal à l’univers académique, comme en témoignent quelques lettres de l’administration universitaire à son père.
Butterworth parvient toutefois à être reçu au Trinity College, dépendant de l’université d’Oxford, en 1904. Il y reçoit une instruction en lettres classiques, en histoire ancienne et en philosophie, sans oublier bien sûr sa participation au Music Club de l’université, qu’il préside de 1906 à 1907, et à un chœur (comme chanteur). En 1908, à Londres, le jeune homme remplace son ami et chef de chœur Hugh Allen pour diriger le New Symphony Orchestra à l’occasion d’une représentation du Songe d’une nuit d’été de Felix Mendelssohn-Bartholdy.
En 1906, il se joint aux efforts de ceux qui, sous le chaperonnage de Cecil Sharp (c’est ici un prénom masculin) et de Ralph Vaughan Williams, souhaitent immortaliser les chants et danses populaires. Nombreux sont ceux qui craignent en effet que l’arrivée du gramophone et la démocratisation du piano droit et des partitions imprimées signe la fin de cette musique de tradition non écrite. Butterworth recueille ainsi près de 450 pièces populaires, par exemple au Sussex en 1907, rejoint cette même année la Folk Song Society (association pour la chanson populaire). À cette époque, notre protagoniste se lie d’amitié avec ses collègues Sharp et Vaughan Williams, conseillant même à ce dernier d’écrire une symphonie. Vaughan Williams, reconnaissant, lui dédiera sa célèbre London Symphony.
À noter que Butterworth se servira lui-même du gramophone pour enregistrer par exemple une interprétation du chant traditionnel The Banks of Green Willow : cliquez ici pour l’enregistrement d’époque, à comparer avec la version de Butterworth.
Au sortir d’Oxford, le musicien abandonne la voie juridique qu’il envisageait, au grand désespoir de son père (qui acceptera la décision de son fils finalement assez rapidement), pour se consacrer à la musique. Il contribue au journal The Times et au Dictionnaire de la Musique et des Musiciens de Grove, enseigne même au Radley College d’Oxford, puis pense poursuivre sa propre formation musicale au Royal College of Music en 1910. Il n’y restera qu’une année, ayant compris qu’il n’était pas fait pour l’enseignement académique.
Grâce à l’aide financière de son père, George Butterworth peut désormais délaisser l’enseignement et s’orienter vers la composition et les tâches relatives à la musique populaire.
Danseur accompli, Butterworth co-fonde l’English Folk Dance Society (association anglaise pour la danse populaire) en 1911. Son travail pour la musique populaire au sein de ce groupe inclut notamment des démonstrations de Morris dance (danse traditionnelle anglaise aux origines berbères, qu’il pratique semble-t-il avec brio) et d’autres danses populaires. Vaughan Williams dira même de lui que c’est la danse populaire qui aura libéré son ami des "influences étrangères" de Johannes Brahms et de Robert Schumann et du carcan académique.
Les quatre années qui précèdent la première guerre mondiale sont fastes pour le compositeur. De cette période datent par exemple son cycle de mélodies Love Blows as the Wind Blows (1911, version orchestrale en 1913, créée en 1914), ou encore onze pièces sur des poèmes issus du recueil A Shropshire Lad, du poète Alfred Edward Housman. Citons également sa fameuse Rhapsody: A Shropshire Lad (1911), basée sur le même texte, considérée comme sa meilleure pièce, et très originale bien qu’inspirée de la musique populaire. Créée en 1913 à Leeds, elle offre à Butterworth une visibilité nationale. On découvre son style sobre mais plein de passions, qui s’en échappent parfois avec force.
Peu après le déclenchement de la Première guerre mondiale en août 1914, le compositeur et certains de ses camarades s’engagent dans l’infanterie légère. Avant son départ, il prend soin de mettre de l’ordre dans ses écrits, détruisant quelques œuvres et en confiant d’autres à son ami Vaughan Williams, probablement au cas où il mourrait au front. Cependant, jusqu’en 1916, la guerre n’alterne pour le récemment promu lieutenant Butterworth qu’entre entraînement dans les tranchées et ennui, sa compagnie n’étant pas encore en première ligne et ne prenant pas part activement aux combats.
Le véritable baptême du feu de sa compagnie a lieu en été 1916, lorsqu’ils sont envoyés en soutien pour la bataille de la Somme. Butterworth remplace le commandant de la compagnie, blessé, et reçoit la Military Cross (Croix Militaire) pour sa bravoure. En août, ils sont appelés sur le front où ils creusent une tranchée (qui portera plus tard le nom de Butterworth) et mènent une attaque victorieuse sur une tranchée allemande.
C’est à Pozières (Somme), au petit matin du 5 août 1916, que George Butterworth est tué au combat d’une balle dans la tête, à 31 ans. Son corps, trop exposé au feu ennemi pour être transporté, sera enterré sur place, sans tombe connue. Son nom figure au Mémorial de Thiepval.
Sa mère étant morte en 1911, c’est son père, qui lui survivra d’une trentaine d’années, qui initiera la publication de ses œuvres. Sa rhapsodie connaîtra en particulier un grand succès après la mort du compositeur.