Henri Dutilleux est un compositeur français né le 22 janvier 1916 à Angers et mort le 22 mai 2013 à Paris. Il entre à 10 ans au conservatoire de Douai ou ses dispositions musicales sont décelées. À 17 ans, en 1933, il poursuit ses études au Conservatoire de Paris dont il sort en 1938 avec un premier prix d’harmonie, de contrepoint et de fugue. La même année, il obtient le Prix de Rome. Il étudie à cette époque le traité de composition de Vincent d’Indy, découvre Igor Stravinski, Béla Bartók et le sérialisme, mais restera toujours en marge de ces diverses esthétiques.
Pendant la guerre, il adhère au Front national des musiciens, organe de la résistance. Nommé en 1942 chef de chant de l’opéra de Paris puis directeur du service des illustrations musicales de la Radiodiffusion française en 1945, il occupera ce poste jusqu’en 1963. Cette expérience très enrichissante, lui permet de côtoyer toutes les tendances artistiques. La renommée d’Henri Dutilleux est internationale aussi bien en tant que compositeur qu’en tant qu’enseignant. Il est nommé professeur de composition en 1961 à l’École Normale Supérieure, puis au conservatoire supérieur de Paris de 1970 à 1984. Il est invité dans de nombreux pays comme conférencier.
Quand il meurt en 2013, il laisse derrière lui une œuvre essentiellement pour orchestre. Son catalogue ne comporte que peu de pièces mais toutes longuement pensées et importantes par leur densité.
En mars 2015, la pose d’une plaque commémorative sur l’immeuble d’habitation de Dutilleux a été discutée au conseil municipal du quatrième arrondissement de Paris. À cette occasion une opposition s’est manifestée pour cause de collaboration avec le régime de Vichy : les détracteurs de Dutilleux faisaient allusion à une musique de film à la gloire des sportifs, commandité par le gouvernement de l’époque. Ces propos ont choqué le monde musical où Dutilleux est au contraire connu pour son humanisme et son engagement dans la Résistance. La plaque a finalement été apposée en septembre 2015. (voir : Le Figaro)
Dutilleux se présente ainsi : « Je crois avoir subi deux influences assez grandes et fortes dans le sens de l’élargissement des formes : celle de Ludwig van Beethoven d’abord (qui s’est traduite de façon assez libre d’ailleurs) et celle de l’école de Vienne qui m’a certainement marquée, sans oublier tout notre fonds musical français. Du monde oriental, j’ai aussi reçu une particulière perception du temps : c’est sur ce terrain beaucoup plus que sur celui des timbres ou des instruments nouveaux que j’ai pu ressentir une certaine influence de cet art. » Farouchement indépendant, il écrit aussi : « J’ai sans cesse évité d’adapter mon style à une forme préfabriquée ».
Ses compositions, qui allient la rigueur et l’imagination, ont toujours une forte dimension poétique. La Symphonie n° 1 (1951) est comme « la naissance et le déroulement d’un rêve » (écouter le début). Dans le ballet Le Loup, (1953) le fantastique et la passion sont indissolubles (écouter le début). Dans la Symphonie n° 2 (ou le Double : 1959) les recherches de polyrythmie et de polytonalité se transmutent en un jeu de miroirs (écouter le début). Les Métaboles (1965) sont un perpétuel enchaînement de métamorphoses (proposé en introduction musicale). Dans Tout un monde lointain… (1970), le violoncelle soliste s’identifie à l’idée d’évasion suggérée par l’univers baudelairien (écouter le début). Le quatuor Ainsi la nuit (1977), est une extraordinaire musique nocturne où le statisme et la mobilité concourent à maintenir un climat de mystère (écouter le début).
Henri Dutilleux a été abondamment joué de son vivant partout dans le monde et on le considère déjà comme un classique du XXe siècle.