Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Kolessa
Lubka Kolessa est née à Lviv (Ukraine) le 19 mai 1902, dans une famille aisée : son père Oleksandr fut notamment recteur de l’Université libre ukrainienne et député. La famille est aussi très musicienne et compte ou comptera plusieurs musiciens : son oncle, Filaret Kolessa, ethnomusicologue réputé ayant consacré ses recherches à la musique traditionnelle ukrainienne ; son cousin Mykola Kolessa, compositeur et chef d’orchestre ; sa sœur Chrystia Kolessa, qui s’orientera vers une carrière de violoncelliste.
Ainsi, c’est de sa grand-mère, pianiste qui fut l’élève de Karol Mikuli, lui-même disciple de Frédéric Chopin, qu’elle reçoit sa première éducation musicale. Son instruction artistique et générale ne laisse pas non plus à désirer : elle parle et s’intéresse à la littérature et poésie de sept langues différentes…
En 1904, la famille déménage à Vienne (rappelons que le père a été élu député au Reichsrat austro-hongrois, quand même), où Lubka suit les cours de Louis Thern et d’Emil von Sauer. Elle obtient en 1920 son diplôme de la Musikakademie viennoise. Plus tard, elle prendra à nouveau des cours, cette fois-ci d’Eugen d’Albert, qui influencera profondément son style. Notons que ces trois professeurs furent élèves de Franz Liszt lui-même.
Ayant obtenu comme pianiste le prestigieux Staatpreis (la plus haute distinction autrichienne d’alors pour un artiste) et le prix Bösendorfer, sa réputation augmente rapidement et c’est ainsi que le 14 mars 1924, elle fait ses débuts avec le Philharmonique de Berlin. Elle sera bientôt accompagnée des meilleurs orchestres et chefs d’orchestre du moment (Wilhelm Furtwängler, Bruno Walter, Richard Strauss, Willem Mengelberg, Erich Kleiber and Hermann Abendroth…).
Très attachée à son pays natal, elle entreprend en 1928 une tournée triomphale de concerts dans l’Ukraine alors soviétique, et apparaîtra dix ans plus tard (le 21 mai 1937 exactement) en tenue traditionnelle ukrainienne lors d’un concert retransmis à la télévision britannique (une Ioulia Tymochenko avant l’heure, quoi).
Ses tournées la conduisent à parcourir l’Amérique du Sud (en 1938) et l’Europe (jusqu’en 1939). Entre 1938 et 1939, elle donne ainsi pas moins de 178 concerts.
En Allemagne, elle réalise également plusieurs enregistrements pour le label britannique His Master’s Voice (« la voix de son maître »), ainsi que pour le luthier Welte-Mignon, sur des rouleaux de piano (ne pas confondre avec les rouleaux de printemps) pour piano mécanique : écouter son interprétation de la Mazurka n° 23 en ré Majeur de Chopin (op. 33).
Elle épouse le diplomatique britannique James Edward Tracy Philips à Prague le 13 mars 1939, juste avant le début de l’occupation allemande.
En 1940, au sommet de sa carrière, Lubka Kolessa déménage à Ottawa (Canada). Elle continue ses concerts (elle joue à New-York en avril 1943 à l’Hôtel de Ville, ou encore au Carnegie Hall en janvier 1948) avec notamment le Philharmonique de New-York (ses débuts avec ce dernier se font avec le Concerto pour piano n° 1 en mi mineur op. 11 de Chopin) jusqu’en 1954, année après laquelle elle se consacre à l’enseignement.
Elle était devenue l’une des meilleures pianistes du continent, et en tout cas l’une des plus recherchées. Parmi ses nombreux succès, citons par exemple les Études Symphoniques Op. 13 de Robert Schumann (écouter sur Youtube), mais aussi des pièces de Wolfgang Mozart et même d’Achille Claude Debussy.
À partir de 1942, elle enseigne en effet le piano dans différentes institutions : au Conservatoire Royal de Musique de Toronto (à partir de 1942), à l’École de musique Vincent d’Indy de Montréal (1955-1966), à l’Université McGill (1960-1971), à l’Institut de Musique ukrainienne de New-York et au Conservatoire de musique du Québec de Montréal (1959-1960).
Parmi ses élèves, citons Mario Bernardi (chef d’orchestre et pianiste), les compositeurs Clermont Pépin et John Hawkins, ainsi que les pianistes Howard Brown, Karen Quinton, Richard Gresko, Louis-Philippe Pelletier, Eugene Plawutsky, Pierrette Froment Savoie, Luba Zuk ou encore Ireneus Zuk.
Elle meurt le 15 août 1997 à Toronto. En 2003, à l’occasion de son centenaire survenu un an plus tôt, l’université McGill inaugure la Bourse Kolessa.