Au moment où Glinka pose les fondements d’une musique nationale russe, c’est surtout l’Italie (ses opéras) et l’Allemagne (sa musique instrumentale) qui, comme partout, dominent le goût de l’aristocratie. En fait, depuis le XIIe siècle, l’Église avait réussi, avec l’appui des tsars, à éliminer totalement la musique, « émanation de l’enfer », de la vie sociale : seules les traditions populaires avaient survécu. C’est seulement fin XVIIe que les frontières s’ouvrent à l’art occidental et, début XIXe, Glinka déclare : « … je voudrais unir le chant populaire russe et la bonne vieille fugue d’occident. » En effet, ce riche amateur est touché par le caractère particulier de la mélodie russe : « Nous sommes gais avec sauvagerie ou nous versons des larmes amères. Pour nous, l’amour est toujours mêlé de tristesse... Il n’est pas douteux que notre chant plaintif, mélancolique, a aussi des consonances orientales. ». C’est la voie dans laquelle il engage la musique russe jusqu’à Sergueï Sergueïevitch Prokofiev et Igor Stravinski.
Né le premier juin 1804 à Novospasskoï dans la région de Smolensk (Russie), Mikhaïl Ivanovitch Glinka est très vite attiré par la musique et par les sonorités en général. À 13 ans, il entre à l’Institut des enfants nobles de Saint-Pétersbourg, d’où il sortira polyglotte (allemand, anglais, français, latin, et persan) et très cultivé. Il poursuit ensuite des études musicales auprès de nombreux professeurs d’Europe centrale, et notamment à Berlin avec Siegfried Dehn, ancien élève de Ludwig van Beethoven.
En 1836 est créé l’opéra Une vie pour le Tsar (aussi nommé Yvan Soussanine) qui est son premier chef-d’œuvre et le premier opéra national russe. Glinka compose ensuite, de 1837 à 1842, Russlan et Ludmilla, d’après Pouchkine. Il s’agit de nos jours de sa composition la plus jouée et celle qui a tracée la voie à ses successeurs : Modest Moussorgski, Nicolaï Rimski-Korsakov, Piotr Ilitch Tchaïkovski,...Ce dernier déclara à son propos : « Toute notre école est contenue dans la musique de Glinka, de même que le futur chêne est renfermé dans un gland« .
Glinka meurt le 15 février 1857, considéré par tous comme le père de la musique russe. Glinka a composé également de remarquables tableaux symphoniques tels que Kamarinskaïa, (1848) directement inspirée de thèmes populaires russes dans lesquels il a su puiser son inspiration, Nuit d’été à Madrid (1848), Jota aragonaise (1845) inspirées de thèmes empruntés à l’Espagne lors d’une visite en 1845, mais aussi une Symphonie ukrainienne inachevée (1852). On lui doit encore quelques compositions de moindre importance telles que des quatuors vocaux, chœurs profanes ou religieux et de la musique instrumentale de chambre.
Pour plus d’infos sur ses œuvres principales, voir Wikipedia