Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Moussorgski
Né le 21 mars 1839 à Karevo, dans la province de Pskov (Russie), Modest Moussorgski est le quatrième fils d’un propriétaire terrien (et non extraterrestre). La famille n’est pas hostile à l’art : la mère du futur compositeur lui lèguera d’ailleurs une certaine sensibilité poétique.
À 9 ans, Moussorgski peut déjà interpréter en public quelques œuvres pour piano de Franz Liszt. Les parents ne négligent donc pas sa formation musicale, mais le destinent cependant à une carrière militaire : il est inscrit à l’école Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg où il entre à l’âge de 13 ans. Durant cette période, il prend quelques leçons de piano avec le pianiste virtuose Anton Herke, d’origine allemande, et découvre l’œuvre de Robert Schumann. À l’école militaire, il se passionne pour la philosophie et l’histoire.
En 1856, il s’engage dans un régiment d’élite. Il fait cette même année connaissance avec Alexander Borodine et Alexandre Sergueievitch Dargomytjski. Ils se lient d’amitié et élargissent leur horizon musical en faisant la connaissance de César Cui, de Mili Balakirev et de Stasov. Moussorgski commence alors à envisager sérieusement une carrière musicale et voudrait promouvoir la musique russe. Il sort de l’école militaire en 1857 avec un grade d’officier.
Sous la houlette de Balakirev, Moussorgski étudie la musique de Ludwig van Beethoven et démissionne de l’armée. La première interprétation de ses œuvres a lieu en 1858 avec Anton G. Rubinstein. Les revenus de Moussorgski étant très modestes (rires), il doit prendre un emploi aux Ponts-et-Chaussées, où il perd un temps précieux. La vie qu’il mène à cette époque le pousse à une consommation excessive d’alcool et à une alimentation insuffisante. La mort de son père en 1863 lui assombrit les pensées. De plus, il est sujet à l’épilepsie et subit une première crise de delirium tremens.
Au cours de sa convalescence, il noue une profonde amitié avec Nicolaï Rimski-Korsakov. En 1865, déjà dépossédé de tout le patrimoine familial en raison de l’abolition du servage en Russie, qui l’a forcé à trouver un emploi, il perd sa mère. Heureusement, de 1866 à 1869, le Groupe des Cinq ("Mogoutchaïa Koutchka" en VO), composé de Moussorgski, de Borodine, de Rimski-Korsakov, de Balakirev et de Cui, connaît alors des relations d’amitié extraordinaires (il réussira notamment à honorer Moscou de la visite d’Hector Berlioz). Ces compositeurs passent le plus clair de leur temps ensemble, à discuter musique. Ils se font héberger par une jeune femme, Ludmila Chastakova.
En avril 1867, Moussorgski perd son emploi. Il achève néanmoins quelques partitions comme Une nuit sur le mont Chauve, qui est devenue une de ses plus célèbres dans l’orchestration de Rimsky-Korsakov (écouter le début au piano puis à l’orchestre). Il compose de nombreux fragments de pièces qu’il n’achève pas, comme deux opéras : Salammbô et Œdipe à Athènes.
En 1868, le compositeur est particulièrement inspiré et commence la composition de Boris Godounov, son grand opéra. Il veut mettre sa musique au service de la langue russe (écouter un chœur extrait de Boris Godounov). Des Cinq, il est le plus engagé dans cette voie. Il écrit : « Vous savez que, dans mon Boris Godounov, j’ai donné des scènes de la vie du peuple. Mon désir est maintenant de prophétiser, et ce que je prophétise, c’est la mélodie de la vie, et non celle du classicisme. Je suis au travail sur le discours humain. » (écouter la Mort de Boris Godounov). La première (dans une deuxième version) sera interprétée par Fedor Chaliapine, célèbre basse. Mais l’opéra est mal reçu et même sévèrement critiqué par ses amis Cui, Balakirev ou encore Borodine, ce qui affligera profondément le compositeur. En revanche, Liszt, qui eut accès à une partie de l’œuvre du Russe, est enthousiaste et l’invite à Weimar (en vain cependant, car Moussorgski ne put s’y rendre pour des raisons professionnelles).
En janvier 1869, Dargomyjski, ami du groupe, décède. Moussorgski, qui vit à partir de 1870 chez Rimski-Korsakov, doit ensuite s’installer chez le poète Golenishev après le mariage de son hospitalier collègue. Il s’adonne à la boisson et le groupe des cinq se désagrège. Encouragé par Stasov, Moussorgski commence la composition de La Khovantchina et de La Foire de Sorotchinski. Il n’en achèvera aucune.
En 1874, le musicien compose l’une de ses pièces maîtresses : ses Tableaux d’une exposition, magistrale suite pianistique magnifiquement orchestrée par Maurice Ravel en 1922 (écouter le début). Il est hébergé à partir de 1875 chez un ami, le peintre Paul Naumof, durant quatre ans. Il écrit un cycle de chants très sombre : Chants et danses de la mort. À la fin de 1879, il entreprend une tournée avec une contralto Daria Leonova. Malgré sa profonde déchéance physique, cette tournée lui fera du bien et il reprend provisoirement goût à la musique.
Moussorgski décède à 42 ans, le 28 mars 1881 à Saint-Pétersbourg.
Le domaine de prédilection de Moussorgski est la voix humaine, malgré quelques œuvres instrumentales remarquables. Il en explore les possibilités avec des procédés uniques en leur temps (écouter Avec Nanny, extraite du cycle Les Enfantines). Avec Rimski-Korsakov, il a permis à l’âme russe de s’exprimer.
Achille Claude Debussy définit ainsi l’art de Moussorgski : « Jamais une sensibilité plus raffinée ne s’est traduite par des moyens aussi simples ; cela ressemble à un art de curieux sauvage qui découvrirait la musique à chaque pas tracé par son émotion. » Et dans son Pelléas, il retiendra la leçon de Boris.
Les œuvres de Moussorgski ne rencontreront jamais le succès à une époque où ses audaces passent pour de la maladresse. À tel point qu’après sa mort, Rimsky-Korsakov se sent obligé de corriger ses partitions pour mieux les faire accepter. Aujourd’hui, ses hardiesses ne nous choquent plus et on revient aux partitions originales.
Pour plus d’informations sur ses œuvres, voir Wikipedia