Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Pérotin
Rappelons que l’Église s’est toujours méfiée du pouvoir séducteur de la musique. Jusqu’au Xe siècle, Elle n’admettait que l’austère chant grégorien, monodique et homophone : rythme et mélodie épousent étroitement les inflexions du texte liturgique (écouter un Agnus Dei).
Mais, du fait de l’émiettement de la société féodale et du développement des villes, l’autorité de l’Église s’affaiblit. Progressivement, les chantres prennent des libertés avec les règles et, utilisant la notation naissante, ils s’enhardissent à ajouter au plain-chant des vocalises et même une seconde voix (écouter un Sanctus).
C’est tout le mérite de Pérotin que d’avoir fait évoluer de façon décisive la polyphonie et par suite d’avoir influencé le devenir de la musique occidentale.
On ne sait pas grand chose de la vie de Pérotin, diminutif de Petrus (Pierre). Les informations connues sont pour la plupart tirées des notes de cours d’un étudiant anglais venu à Paris à l’époque.
Pérotin, dit « maître Pérotin le Grand » serait né vers 1160 et mort vers 1230. C’est un compositeur français du Moyen Âge auquel on attribue les premiers chefs-d’œuvre polyphoniques comme son Viderunt omnes (écouter le début). À l’instar de son prédécesseur Léonin, il est associé à la cathédrale Notre-Dame de Paris construite à partir de 1163. Il est un des principaux représentant de ce qu’il est convenu d’appeler l’École de Notre-Dame.
Au début du XIIIe siècle, c’est en tant que maître de chapelle de Notre-Dame de Paris qu’il révise le Grand Livre d’organum (Magnus liber organi) attribué à Léonin, en l’enrichissant de ses propres compositions d’une technique plus évoluée.
Jusqu’alors, l’organum était une composition à deux voix parallèles (à la quinte), dont le chant grégorien était la partie supérieure et principale. Pérotin est semble-t-il l’un des premiers à composer des œuvres à trois ou quatre voix en déchant, c’est-à -dire à ajouter un contrechant non plus au-dessous du plain-chant mais au-dessus. Par ailleurs, il introduit dans ce contrepoint des vocalises et des mouvements contraires.
On passe donc grà ce à Pérotin de l’organum « parallèle » à l’organum « fleuri » : c’est un progrès considérable. Très estimé en son temps, il sera d’ailleurs qualifié de discantor optimus (meilleur déchanteur) vers 1275.
Redécouvertes au XXe siècle, les grandioses architectures sonores de Pérotin ont inspiré certains compositeurs adeptes du minimalisme. Exemples : Arvo Pärt dans An den Wassern zu Babel (1976 : écouter un extrait) ou Steve Reich dans Proverb (1995 : écouter un extrait).