Né le 4 septembre 1824 à Ansfelden (Autriche), Josef Anton Bruckner est le fils d’un instituteur et de Thérèse Helm, chanteuse dans la chorale locale. Ils repèrent rapidement les dons musicaux de leur fils. Bruckner est capable, à dix ans, de remplacer son père à l’orgue paroissial. Puis, il commence l’étude de la théorie musicale, de l’harmonie, et s’essaye à l’improvisation sur orgue auprès de son cousin Johann Baptist Weiss. En 1837, après le décès de son père, il est emmené à l’abbaye de Saint-Florian, où il recevra une solide formation musicale pendant trois ans.
Il est ensuite admis à l’école normale de Linz, où il obtient en 1841 le diplôme d’instituteur adjoint. En 1845, nommé professeur titulaire, il exerce à l’école paroissiale de Saint-Florian (1845 à 1855), où il peut suivre les cours de Hans Schläger (écriture polyphonique pour chœurs) ou de Leopold von Zenetti (piano, orgue, etc.). Il composera dans cette période une cinquantaine de pièces religieuses destinées aux célébrations. En 1851, il occupe le poste d’organiste titulaire de Saint-Florian.
Vers 1855, conseillé par le compositeur et organiste Robert Führer, il est à Vienne et se présente à l’organiste renommé Simon Sechter. Il réussit ensuite le concours d’admission au poste d’organiste de la cathédrale de Linz grâce à son talent de remarquable improvisateur. Mais à cette période, Bruckner n’a pas vraiment commencé la composition. C’est seulement à 30 ans, après une représentation du Tannhäuser de Richard Wagner, que le désir de composer s’impose à lui et ce n’est que la quarantaine bien sonnée qu’il écrit ses œuvres capitales. Mais en attendant, il compose sa Symphonie en ré mineur, qu’il rebaptisera ”nullte” (zéro), la considérant de qualité insuffisante. Il écrit ensuite plusieurs Messes d’un intérêt médiocre.
Le compositeur remplace en 1868 S. Sechter à Vienne comme professeur d’orgue, d’harmonie et de contrepoint. Il est ensuite invité en France pour inaugurer un orgue à Nancy, et sa prestation lui vaut d’être invité à jouer à Notre-Dame, où il aura l’occasion d’impressionner d’autres compositeurs comme César Franck, Camille Saint-Saëns ou Charles Gounod avec ses fugues improvisées. Deux ans plus tard, il aura l’occasion de se faire entendre à Londres sur l’orgue géant du Royal Albert Hall. En 1872, il termine sa deuxième symphonie en ut mineur. Il est maintenant âgé de cinquante ans et toujours totalement méconnu comme compositeur d’autant qu’à la suite de sa dédicace de sa troisième symphonie à Wagner, il doit faire face à l’opposition farouche d’Eduard Hanslick, célèbre critique musical viennois, opposé comme Johannes Brahms à l’école wagnérienne. En 1879, il compose un quintette à cordes, sa seule œuvre de musique de chambre avec un quatuor composé en 1862.
Bruckner connait son premier triomphe viennois avec la 4e Symphonie dite "Romantique" en 1881 (écouter le début du 3ème mvt). Cette année-là , il compose également un chef-d’œuvre, la Messe n° 3, en fa (écouter le début). La consécration européenne ne sera obtenue qu’avec la 7e Symphonie (écouter le début du 3ème mvt), la seule qu’il n’a jamais remaniée ultérieurement. Elle sera créée à Leipzig en 1884. En 1886, nouveau succès avec le Te Deum (écouter le début) que même E. Hanslick admirera. En 1890, il est reçu par l’Empereur en remerciement de la dédicace de la 8e Symphonie, l’une des plus longues du répertoire.
Malheureusement l’état de santé du compositeur se détériore sérieusement et vient ternir son début de gloire. Bruckner décède à Vienne le 11 octobre 1896 en laissant inachevée son intemporelle 9ème symphonie (voir l’introduction musicale du début).
La personnalité de Bruckner est parfois décrite étrange, enfantine et ingénue (voir par exemple le témoignage du musicien Werner Wolff, auteur d’un livre sur le compositeur). Son caractère est quant à lui influençable et peu assuré (Bruckner remaniera ses œuvres toute sa vie). Si on ajoute tout ceci au fait qu’il ait commencé la composition aussi tardivement (tant il manquait de confiance en lui), on peut s’étonner qu’une page aussi inspirée et audacieuse que l’adagio de la 7ème symphonie (écouter la fin de l’adagio) soit sortie de sa plume.
C’est seulement à 56 ans qu’il connaît son premier succès à Vienne. Il est de nos jours beaucoup plus connu que pendant la majeure partie de sa vie où l’on considérait son œuvre comme typiquement autrichienne et, par là -même, réservée aux oreilles germaniques. L’originalité de Bruckner lui vaut aujourd’hui l’enthousiasme croissant de nombreux mélomanes et musiciens.
C’est surtout un grand symphoniste qui bâtit des espaces sonores grandioses. Il transforme l’orchestre en un orgue gigantesque et somptueux. Il ouvre la voie à Gustav Mahler, par ailleurs son élève à Vienne, par l’audace qu’il déploie en explorant les limites de la tonalité. La profondeur spirituelle de son œuvre l’a fait surnommer le Ménestrel de Dieu !
Le problème, c’est quelle partition exécuter étant données les nombreuses versions de la plupart des symphonies, révisées par Bruckner lui-même ou par ses éditeurs.
Les premières versions des symphonies présentent souvent une complexité instrumentale, contrapuntique et rythmique (rythme brucknérien "2 + 3", usage de quintolets), dont l’originalité n’a pas été comprise par ses contemporains et qui a été considérée comme injouable par les musiciens de l’époque. Dans le but de les rendre « interprétables », les symphonies, à l’exception des 6ème et 7ème, ont été remaniées plusieurs fois au cours de la vie du compositeur : Bruckner, peu sûr de son talent, était facilement influençable.
Les versions révisées des symphonies ont été souvent simplifiées, et souffrent de plus ou moins larges coupures, souvent accomplies par des amis ou des élèves de Bruckner, et il n’est pas toujours possible de savoir si elles ont été approuvées par le compositeur. Les brucknériens convaincus militent pour la reconstitution des premières versions, considérées comme plus ”authentiques”.
Pour plus d’informations sur les œuvres, voir Wikipedia