Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Wagner
Né le 22 mai 1813 à Leipzig, dans la Saxe (Est de l’Allemagne), Wilhelm Richard Wagner perd très vite son père et ses repères (pas mal hein ?), en raison de l’empoisonnement des eaux de l’Elster par les corps des hommes et des chevaux tués pendant la bataille des Nations. Ludwig Geyer, peintre et locataire des Wagner, s’occupe de la famille à la suite de ce deuil. Il leur témoignera toujours une grande affection jusqu’en 1821, date de son décès.
Le jeune Wagner se prend de passion pour le théâtre grâce à l’affection de ce père providentiel. Jeune, il ne manifeste pas de don particulier pour la musique mais s’intéresse plutôt à la tragédie grecque et à la poésie. Il découvre et choisit finalement la musique vers l’âge de 15 ans après avoir entendu des œuvres de Wolfgang Mozart et Ludwig van Beethoven ainsi que le Freischütz de Weber. Il se lance alors dans une carrière de compositeur mais n’a pratiquement aucun bagage technique.
En 1830, les événements en France (révolution de juillet) et le soulèvement en Pologne provoquent quelques remous politiques à Leipzig. Wagner y participe activement et se fait déjà remarquer comme agitateur (qu’est-ce que je disais). Cependant, demeurant avec sa famille à Leipzig depuis 1827, il commence sa formation musicale (solfège, harmonie) en 1828 avec Gottlieb Müller. Il commence à composer (deux sonates pour piano, un quatuor, des ouvertures de concert, des Lieder). Âgé de 18 ans, il décide de parfaire sa formation auprès de Christian Theodor Weinlig (Cantor à Saint-Thomas) qui lui enseigne le contrepoint et devient son mentor (il lui dédie sa sonate pour piano op. 1). En 1831, il s’inscrit à l’université de Leipzig où il suit des cours de philosophie, sa grande passion En 1833, il rejoint son frère, chef des chœurs à Würzburg. Il y acquiert une certaine expérience de la scène.
Avec le temps, Wagner deviendra le plus grand chef d’orchestre de son époque. Il pose les bases de la direction d’orchestre moderne. Il obtient la direction de la musique de la troupe du théâtre de Magdebourg et y fait la connaissance de Wilhelmine dite Minna Planer, jeune actrice (1809-1866). C’est à cette époque qu’il compose son premier opéra, Les fées (qui ne sera joué qu’après sa mort, en 1888). Comme pour Berlioz et Liszt, sa musique ne peut se passer d’un support littéraire : il n’écrira désormais que des opéras dont il élabore les livrets et imagine la mise en scène.
Wagner se marie avec Minna le 24 octobre 1836. Le couple s’installe jusqu’en 1839 à Riga malgré une fugue amoureuse de Minna avec un banquier en juin 1837. Il occupe les fonctions de directeur musical du théâtre. Il est chassé de son poste par les critiques d’un confrère, mais il faut aussi ajouter qu’il est criblé de dettes et doit fuir Riga pour échapper à ses créanciers (les ennuis d’argent devaient le tourmenter le restant de ses jours). Wagner décide de se rendre à Paris pour y tenter sa chance.
Les conditions de voyage sont périlleuses : il est pris dans une violente tempête qui lui inspirera plus tard le Vaisseau fantôme. Il parvient enfin à Paris mais n’aura pas le succès espéré. Le public n’a d’yeux et d’oreilles que pour les opéras de Meyerbeer. Wagner est obligé de faire mille petits travaux pour subsister. Il compose des chansons, réalise des arrangements musicaux de toutes sortes et écrit des articles pour la Gazette musicale. Cependant, il termine son nouvel opéra, Rienzi, qui révèle enfin (il va avoir trente ans) un style personnel : écouter un extrait de l’Ouverture.
Il compose ensuite en sept semaines Le Vaisseau fantôme dont il vendra l’ébauche pour 500 francs à un éditeur parisien (écouter un extrait de l’ouverture). Malgré des dettes et des querelles conjugales incessantes, le couple semble inséparable et il rentre en Allemagne pour présenter Rienzi. La première le 20 octobre 1842 à Dresde est un triomphe.
En février 1843, il est nommé Maître de chapelle à vie de la Cour de Saxe à Dresde. Il s’y consacre entièrement et avec une très grande efficacité. Il y remporte de grands succès comme chef d’orchestre dans des opéras de Mozart, Vincenzo Bellini, Carl Maria von Weber... et la 9ème symphonie de Beethoven, œuvre totalement énigmatique à l’époque. Il écrit et fait représenter une première version de Tannhäuser (il y retravaillera jusqu’à sa mort : écouter le Final). Il se plonge ensuite dans la composition de Lohengrin où il commence à se détacher de l’opéra traditionnel. Mais, emporté par sa fougue révolutionnaire, il participe au mouvement anarchiste de 1849 : traqué par la police, il s’enfuit en Suisse grâce à un faux passeport fourni par Franz Liszt. Wagner sollicite aussi son ami, qui est en poste à Weimar où il anime la vie musicale, pour qu’il donne en son absence la première de Lohengrin (écouter le Prélude) : c’est un succés qui augmente son prestige.
En Suisse, Wagner se trouve à l’écart du monde musical allemand, sans revenu et avec peu d’espoir de pouvoir faire représenter les œuvres qu’il compose. C’est pour lui néanmoins une période de création intense. Dans sa quarantième année, il élabore sa théorie de « l’œuvre d’art totale », synthèse de la poésie, de la musique et des arts plastiques. Il adopte la philosophie d’Arthur Schopenhauer qui met la musique au service du drame. Sous son influence il devient végétarien et défenseur de la cause animale.
En 1852, Il rencontre le couple Wesendonck à Zurich. Otto, le mari, grand admirateur de Wagner (et riche commerçant), met à sa disposition en avril 1857 une petite maison de sa propriété, « l’Asile ». Au bout de quelques années, Wagner s’éprend de Mathilde, l’épouse, mais, bien qu’elle partage ses sentiments, il semble que la liaison soit restée platonique. En août 1857, en proie à des doutes artistiques, Wagner arrête brusquement la composition de la Tétralogie : il en est à la moitié de Siegfried et ne reprendra l’ensemble que douze ans plus tard. Sur des poèmes de Mathilde, il compose alors les Wesendonck-Lieder. Deux d’entre eux seront repris, étoffés, dans le passionné Tristan et Isolde où il traduit son amour contrarié (écouter le début de la grande scène d’amour). Le lied ”Im Treibhaus” deviendra l’inquiétant prélude du troisième acte (écouter). Tristan terminé, Il mène ensuite une vie errante entre Venise, Vienne, Prague et Moscou.
En 1859, Wagner décide de retenter sa chance à Paris. L’étoile de Meyerbeer pâlit et il estime le moment favorable. Il veut y donner une version remaniée et en français de Tannhaüser. Les répétitions sont intenses, les décors magnifiques et, pour plaire aux parisiens, il a même rajouté le traditionnel ballet. Tout semble donc réuni pour un franc succés mais la première le 13 mars 1861 est un désastre. Le scandale est tel que toutes les représentations prévues ultérieurement sont annulées. Détail important : pour des raisons artistiques, le compositeur avait placé le ballet juste après l’ouverture et non comme d’habitude au deuxième acte. D’où la cabale des abonnés, obligés d’arriver au début du spectacle sous peine de rater les battements de jambes de leurs protégées. L’extrait d’article suivant est représentatif de la violence des réacions :
« Nous avons eu enfin, hier au soir, ce fameux TANNHà„USER dont il avait été tant et trop parlé. La salle, fort brillante, contenait bon nombre des illustrations de Paris. S.M. l’Empereur est arrivée après la première partie du premier acte. […] M. Albert de Lasalle vous dira samedi prochain ses impressions de compositeur sur cette œuvre étrange, et nos quelques lignes, tracées sur le marbre de l’imprimerie, lorsque va commencer le tirage du journal, n’engagent pour ainsi dire que le rédacteur d’une épitaphe qui croit écrire sur le marbre d’un tombeau ; car, pour lui, le Tannhäuser a commencé à agoniser dès son premier soupir chez nous. Il semble chanter lui-même, par toutes les voix qui s’y confondent, sa propre et déplorable oraison funèbre, sa messe en noir ; ce n’est pas un opéra, c’est un De Profundis. »
Après l’épisode parisien, Wagner a pu rentrer en Allemagne où il a commencé la composition des Maîtres Chanteurs de Nuremberg. Mais sa situation financière ne s’arrange guère. C’est alors que, pour Wagner, commence l’épisode le plus étonnant de son existence tumultueuse. Alors qu’il est aux abois, le jeune duc Louis II de Bavière accède au trône à 18 ans : miracle ! Le nouveau roi a une telle admiration pour les opéras du maître qu’il règle ses énormes dettes et lui permet de monter Tristan à Munich. C’est un succès éclatant. Mieux encore, le monarque permettra à son idole de concrétiser ses théories visionnaires en construisant un théâtre réservé à la représentation de ses seuls opéras.
Mais pour l’heure, Wagner se met en ménage avec Cosima, la fille de Liszt, 24 ans plus jeune et déjà mariée à Hans Guido von Bülow. Quand elle accouche d’une fille adultérine, c’est un énorme scandale et, malgré le soutien du jeune monarque, le couple doit quitter la Bavière pour la Suisse (encore !). Là , Wagner achève Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (écouter la Danse des Apprentis), son opéra le plus gai : « Puissent les générations futures, en cherchant du rafraîchissement dans cette œuvre unique, avoir une petite pensée pour les larmes qui ont mené à ces sourires ! » écrira plus tard Cosima. Cette dernière ayant réussi à divorcer, ils se marient le 25 août 1868 et peuvent revenir à Munich.
Sous la pression de son royal admirateur, Richard termine la Tétralogie, cycle de 4 opéras représentant plus de 12 heures de musique. Il persuade alors Louis II de faire représenter le cycle complet, en 4 journées (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux), dans une salle spécialement conçue à cet effet. Le projet semble financièrement inaccessible. Pourtant, à force de souscriptions et surtout grâce à l’apport financier du roi, il parvient à ses fins (écouter le début de l’Or du Rhin). C’est ainsi qu’est créé le Théâtre du Festspielhaus à Bayreuth dont l’inauguration aura lieu en août 1876.
Le théâtre est construit dans la petite ville de Bayreuth, sur un monticule à l’écart, et deviendra un lieu de pélerinage pour tous les wagnériens. Son architecture simple obéit aux désirs de Wagner : tout est sacrifié au drame. Pas de foyer pour accueillir les spectateurs. La fosse s’enfonce sous la scène (photo ci-contre), dissimulant l’orchestre pour concentrer le regard des spectateurs sur la scène. Un son atténué monte de cet « abîme mystique » et s’unit aux voix sans les couvrir malgré l’abondance des cuivres.
Les années qui suivent le mariage avec Cosima sont des années de bonheur : il termine Siegfried commencé 12 ans plus tôt (écouter les Murmures de la forêt) et clôt le cycle de la Tétralogie par le somptueux Crépuscule des Dieux (écouter le final).
L’inauguration en août 1876 du Festspielhaus de Bayeuth est un succès considérable. Le festival attire toute l’Europe musicale : Liszt bien sûr, Camille Saint-Saëns, Anton Bruckner, Gustav Mahler, Piotr Illitch Tchaïkovski... Il y a même l’empereur Guillaume Ier !. Tchaïkovski écrit : « Ce qui s’est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance ». Mais financièrement, c’est un désastre absolu. Le second festival attendra 6 années, au cours desquelles Wagner écrit son dernier opéra, Parsifal (écouter le Chœur de Deuil de l’acte 3), représenté à Bayreuth en 1882 dans un climat quasi religieux. L’ouvrage est appelé « festival scénique sacré » par l’auteur, qui interdit tout applaudissement à la fin pour signifier que son œuvre n’est pas un divertissement ordinaire mais un moment de communion. Depuis, la tradition perdure à Bayreuth de ne jamais applaudir Parsifal.
L’état de santé de Wagner se dégrade. Il fait plusieurs crises cardiaques mais voulant composer quelques symphonies en un mouvement, il se rend à Venise en septembre 1882 et, comme beaucoup de compositeurs allemands, tombe amoureux de l’Italie. Wagner est terrassé par une dernière crise cardiaque et meurt dans la ville des doges le 13 février 1883.
Après la mort de Richard, le festival est repris par sa femme Cosima, assistée par leur fils Siegfried. Aujourd’hui, c’est toujours un descendant de Wagner qui dirige le festival, dont le succès est croissant : il y a 10 ans d’attente avant d’obtenir une place !
Plus d’informations sur les œuvres : Wikipedia
Wagner n’a pas inventé le leitmotiv : on en trouve déjà une brillante illustration dans la Symphonie fantastique de Berlioz, où un thème, l’idée fixe, symbolise la femme aimée et subit de multiples transformations tout au long des 5 mouvements de l’œuvre : écouter 5 transformations de l’Idée fixe.
On trouve aussi ce procédé chez Giacomo Meyerbeer, mais Wagner l’a systématisé et en a fait un principe de composition, notamment dans la Tétralogie. Avant lui, l’opéra se découpait en récitatifs qui faisaient avancer l’action, et en airs qui permettaient aux personnages de traduire leurs sentiments. Wagner pense que ce découpage nuit à l’efficacité dramatique du récit et le remplace par un flot musical continu. Le chanteur n’est plus une vedette qui fait son numéro mais un acteur-chanteur soumis à la musique.
Dans l’opéra wagnérien, chaque personnage, chaque sentiment, chaque élément-clé de l’action, est symbolisé par une phrase musicale. Et l’œuvre est tissée de toutes ces phrases que Wagner appelle des Grundthema, ou « thèmes de base ». Ces leitmotiv ne sont pas des mélodies fixées de manière rigide, mais ils sont utilisés de façon très souple, avec des modifications du rythme, du ton, du tempo... en fonction des besoins d’une situation donnée. Par exemple, à la fin de L’Or du Rhin, il entremêle différents thèmes pour évoquer l’entrée des Dieux dans la forteresse du Walhalla. On entend successivement : l’Arc-en-ciel, le Walhalla, l’Anneau, l’Épée, les plaintes des Filles du Rhin... et l’opéra se termine sur une reprise pompeuse du Walhalla : écouter.
Ce procédé bouleverse toute l’histoire de l’opéra mais aussi de la musique instrumentale. Il participe en effet d’une préoccupation générale qui vise à renforcer l’unité de l’œuvre à une période où le développement du chromatisme rend la tonalité de moins en moins perceptible. Traditionnellement, tous les mouvements d’une œuvre étaient écrits dans une tonalité dominante. Peu à peu, cette unité tonale s’effaçant, on lui substitue une unité mélodique. C’est le principe de la forme cyclique où une même petite cellule mélodique sert de base à la construction des différents mouvements : César Franck (1822-1890) est le premier à en faire un usage systématique.
À ses débuts, Wagner était un révolutionnaire socialiste. Avec l’âge il devient un personnage exécrable : profondément antisémite, nationaliste, belliciste et anti-français... Il n’est pas étonnant qu’il ait été récupéré par les nazis. D’autant que sa belle-fille, Winnifried, qui dirige le festival de Bayreuth à partir de 1930, est une grande amie d’Hitler qui admirait la musique de Wagner et l’a abondamment utilisée pour souligner ses apparitions publiques. Les traces de cette récupération sont si profondes que les œuvres de Wagner sont interdites de représentation publique en Israël, pays pourtant de très haute culture musicale. Même les tentatives du célèbre pianiste et chef d’orchestre juif Daniel Barenboim ont déclenché les plus vives protestations.
Certes on peut penser que Wagner n’a fait que suivre les errements idéologiques de son époque, mais il est en outre arrogant, mégalomane, traître en amitié, intéressé et manipulateur. Il est donc facile pour ses détracteurs de ne voir en lui qu’un autodidacte musical et un auteur prétentieux. Ses conceptions artistiques et esthétiques nous paraissent aujourd’hui ridicules, avec ses walkyries à tresses blondes, soutien-gorge en acier et casque à pointe... Ses œuvres, même en 3 actes, sont longues, très longues... Son style oscille entre mysticisme et grandiloquence. Ses livrets sont racistes ou misogynes ou réactionnaires ou les trois à la fois. Son système philosophique est un agglomérat confus influencé par : Schopenhauer, le panthéisme, le christianisme, le pangermanisme, etc.
Que rajouter à ce tableau sans complaisance ? Trois fois rien, si ce n’est que Wagner est un génie et ses opéras de maturité sont tous des chefs d’œuvre absolus. Musicien et poète d’exception, c’est un visionnaire ardent et sincère, un artiste sans compromission, un novateur théâtral sur bien des points : orchestre invisible, instruments nouveaux, indications scénographiques inspirées, suppression du traditionnel ballet et du découpage en airs et récitatifs, mais un flot continu de musique où le chant est au service du drame et l’orchestre prépondérant.
Rares sont les compositeurs qui ont suscité autant de controverses tout en ayant autant pesé sur la musique de leur temps. Tous les compositeurs ou presque, à travers l’Europe entière, se sont confrontés à l’héritage du maître de Bayreuth, qu’ils l’acceptent ou qu’ils le rejettent. Même les citations parodiques de ses œuvres sont une forme d’hommage : écouter les Souvenirs de Bayreuth de Fauré et Messager, sur des thèmes de la Tétralogie.
C’est donc moins contre sa musique que contre son influence envahissante qu’un front anti-wagnérien se constitue en France fin XIXe (surtout par réaction nationaliste après la défaite de 1870 contre l’Allemagne). Alors que de nombreux compositeurs de l’époque subissent l’ascendant incontournable de Wagner, Saint-Saëns défend la simplicité, la concision, la limpidité, l’équilibre et le refus de toute exagération... bien loin du romantisme monumental wagnérien. Avec Fauré, Massenet et Duparc notamment, il fonde la Société nationale de musique pour populariser la musique française.
Le flambeau est repris par Achille Claude Debussy (1862-1918) qui, après avoir admiré sans réserve l’œuvre du compositeur allemand jusqu’en 1889 (il fait 2 fois le voyage à Bayreuth), se détachera de l’univers wagnérien pour mieux forger son style. Il écrit : « La musique française, c’est la clarté, l’élégance, la déclamation simple et naturelle ; la musique française veut avant tout, faire plaisir. Couperin, Rameau, voilà de vrais Français ! Cet animal de Gluck a tout gâté. A-t-il été assez ennuyeux ! assez pédant ! assez boursouflé ! Son succès me paraît inconcevable. Et on l’a pris pour modèle, on a voulu l’imiter ! Quelle aberration ! Jamais il n’est aimable, cet homme ! Je ne connais qu’un autre musicien aussi insupportable que lui, c’est Wagner ! Oui ! ce Wagner qui nous a infligé Wotan, le majestueux, le vide, l’insipide Wotan !... » (extrait d’une interview par Paul Landormy). Jusqu’à la fin de sa vie, Debussy restera partagé entre une admiration embarrassée et un rejet farouche : écouter le thème de Tristan puis sa parodie dans le Golliwogg’s cake-walk des Children’s Corner.
Si donc il est légitime de rejeter le ”personnage Wagner” et la façon déplaisante dont sa musique a été exploitée, on ne peut que s’incliner devant le génie de l’artiste. Et que penser de son antisémitisme quand c’est à un chef d’orchestre juif, Hermann Levi, qu’il demande de créer Parsifal ? Et puis, tous ses opéras ne sont-ils pas traversés par une profonde humanité ? Écouter le thème de la Rédemption par l’Amour qui flotte au-dessus de l’orchestre à la fin de la Tétralogie, magnifique et si émouvant.