Ebenezer Prout est né le 1er mars 1835 à Oundle (Angleterre). À part quelques leçons de piano prises auprès de Charles Salaman, il aurait été principalement autodidacte, peut-être en raison des réticences de son père, pasteur, à le laisser faire carrière dans la musique, vers laquelle Prout s’oriente après un passage à l’Université de Londres et une brève carrière de maître d’école.
Dès l’âge de 17 ans, Prout se fascine pour la musique orchestrale (il sera plus tard auteur de traités sur le sujet), et réunit autour de lui un groupe de musiciens qu’il s’occupe lui-même de faire répéter.
En tant que compositeur, Prout jouit de son temps d’une bonne renommée en Angleterre : ses Quatuor pour cordes op. 1 et Quatuor avec piano op. 2 reçoivent les premiers prix de la Société des Musiciens Britanniques en 1862 et 1865. En 1885, c’est le tout nouveau chef d’orchestre principal du festival triennal de musique de Birmingham, Hans Richter, qui dirige une symphonie de Prout.
Au total, il est l’auteur d’une trentaine d’œuvres, dont quatre symphonies (vous pouvez découvrir la quatrième ci-dessous), deux concertos pour orgue, et la cantate dramatique Alfred op. 16.
Prout enseigne le piano au Crystal Palace School of Art (école d’art, 1861-1885), l’harmonie et la composition à la Royal Academy of Music de Londres (1879) puis à la Guildhall School of Music (1884). En 1894, il est nommé à l’Université de Dublin, où il reçoit l’année suivante le titre honorifique de Docteur en musique. Il donne à cette époque de nombreuses conférences, dont une sur les cantates de Johann Sebastian Bach, qu’il fait accompagner par des chanteurs qu’il avait lui-même formés.
Ses travaux théoriques sont également datés de cette époque et deviennent des classiques traduits dans plusieurs langues (par exemple, deux livres sur l’orchestre, 1897, immédiatement traduits en allemand) et pour certains encore édités de nos jours. Avec son Traité d’instrumentation (1876), il est le premier britannique à s’intéresser à ce sujet de manière aussi précise.
Prout est également celui qui, en 1902, présente à la Société Royale des Musiciens une nouvelle version du Messie de Georg Friedrich Haendel, grâce à la découverte des parties pour vents originelles (fait-ce de Prout un spécialiste ès vents ?).
Au cours de sa carrière, Prout comptera parmi ses élèves Arthur Goring Thomas, Eugen d’Albert, John Waterhouse, Henry Wood ou encore Edward German.
À côté de ces carrières de compositeur et de professeur, il est successivement ou simultanément organiste de l’Union Chapel d’Islington (1861-1873), professeur de piano, éditeur du Monthly Musical Record (1871-1874) et critique musical pour l’Academy puis pour l’Athenaeum. En 1863, il est l’un des premiers membres du Royal College of Organists.
En tant qu’éditeur, Prout reflète les pratiques de son époque, à la différence par exemple de son contemporain Friedrich Chrysander. Ainsi, il juge tout à fait normal de remplacer les annotations de phrasé et d’expression indiquées par Haendel par les siennes, en fonction de ses préférences.
Mais à côté de ses travaux sur Bach et Haendel, Prout est également l’avocat des « modernes » comme Richard Wagner, Franz Liszt, Hector Berlioz, Antonin Dvorak ou encore Johannes Brahms.
Son fils, Louis Beethoven Prout, né en 1864, fut également musicologue, mais aussi entomologiste réputé, éminent spécialiste de la famille des geometridae (si si !).
Ebenezer meurt à Canterbury (ou à Londres ? Wikipedia n’est plus ce qu’elle a été, et vice versa), le 5 décembre 1909.