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Ce choix de mélodies et de Lieder est bien sûr très subjectif. Les œuvres sont classées par ordre alphabétique des compositeurs. En toute fin de dossier, on trouvera un index des poètes.
Mais qu’est-ce que la poésie ?
- « Lorsqu’un poème, ou simplement un vers, provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu’à le confronter avec l’être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique. » (Georges Pompidou, ”Anthologie de la poésie française”)
- « Sache lecteur, que celui sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner, bref qui tiendra la bride de mes affections, me tournant ça et là à son plaisir. » (Du Bellay)
Es war einmal ein König ! (Histoire d’une Puce), op.75 n°3: écouter sur youtube
poème de Johann Wolfgang von Goethe (extrait de Faust) ; voir aussi Berlioz (rechercher sur Youtube)
Es war einmal ein König, Der hatt’ einen groàŸen Floh, Den liebt’ er gar nicht wenig, Als wie seinen eig’nen Sohn. Da rief er seinen Schneider, Der Schneider kam heran ; "Da, miàŸ dem Junker Kleider Und miàŸ ihm Hosen an !" In Sammet und in Seide War er nun angetan, Hatte Bänder auf dem Kleide, Hatt’ auch ein Kreuz daran, Und war sogleich Minister, Und hatt einen groàŸen Stern. Da wurden seine Geschwister Bei Hof auch groàŸe Herrn. Und Herrn und Frau’n am Hofe, Die waren sehr geplagt, Die Königin und die Zofe Gestochen und genagt, Und durften sie nicht knicken, Und weg sie jucken nicht. Wir knicken und ersticken Doch gleich, wenn einer sticht. | Une Puce gentille Chez un Prince logeait, Comme sa propre fille, Le brave homme l’aimait, Et (l’histoire l’assure) À son Tailleur, un jour, Lui fit prendre mesure Pour un habit de cour. L’animal, plein de joie, Dès qu’il se vit paré D’or, de velours, de soie, Et de croix décoré, Fit venir de Province Ses Frères et ses Soeurs Qui, par ordre du Prince, Devinrent grands Seigneurs. Mais ce qui fut le pire, C’est que les gens de cour, Sans en oser rien dire, Se grattaient tout le jour... Cruelle politique ! Quel ennui que cela !... Quand la puce nous pique, Amis, écrasons-la ! |
Neue Liebe, neues Leben (Nouvel amour, nouvelle vie), op.75 n°2,
poème de Johann Wolfgang von Goethe : écouter sur youtube
Herz, mein Herz, was soll das geben ? Was bedränget dich so sehr ? Welch ein fremdes neues Leben ! Ich erkenne dich nicht mehr ! Weg ist alles, was du liebtest, Weg, warum du dich betrübtest, Weg dein FleiàŸ und deine Ruh’, Ach, wie kamst du nur dazu ! Fesselt dich die Jugendblüte, Diese liebliche Gestalt, Dieser Blick voll Treu und Güte Mit unendlicher Gewalt ? Will ich rasch mich ihr entziehen, Mich ermannen, ihr entfliehen, Führet mich im Augenblick Ach, mein Weg zu ihr zurück. Und an diesem Zauberfädchen, Das sich nicht zerreissen läàŸt, Hält das liebe, lose Mädchen Mich so wider Willen fest, MuàŸ in ihrem Zauberkreise Leben nun auf ihre Weise. Die Verändrung, ach wie groàŸ ! Liebe, Liebe, laàŸ mich los ! | Coeur, mon coeur, que va-t-il arriver ? Qu’est-ce qui t’oppresse tant ? Quelle étrange et nouvelle vie ! Je ne te reconnais plus ! Disparu tout ce que tu aimais, Disparu ce pourquoi tu te troublais, Disparus ton assiduité et ton repos, Hélas, comment en es-tu arrivé là ! Es-tu hypnotisé par la fleur de l’âge, Cette charmante silhouette, Ce regard plein de sincérité et de bonté, Avec une force infinie ? Si je voulais vite me soustraire à elle, Me décider à lui échapper, En un instant Hélas, mon chemin me reconduirait à elle. Et avec ce petit fil magique, Qui ne se laisse pas couper, Cette jeune fille libre et chère Me tient serré à mon corps défendant, Je dois dans son cercle magique Maintenant vivre selon sa guise. Ah, quel changement considérable ! Amour, amour, lâche moi ! |
An die ferne Geliebte (À la Bien-aimée lointaine),
cycle de 6 Lieder sur des poèmes de Aloïs Jeitteles : écouter sur youtube
1.
Auf dem Hügel sitz ich spähend In das blaue Nebelland, Nach den fernen Triften sehend, Wo ich dich, Geliebte, fand. Weit bin ich von dir geschieden, Trennend liegen Berg und Tal Zwischen uns und unserm Frieden, Unserm Glück und unsrer Qual. Ach, den Blick kannst du nicht sehen, Der zu dir so glühend eilt, Und die Seufzer, sie verwehen In dem Raume, der uns teilt. Will denn nichts mehr zu dir dringen, Nichts der Liebe Bote sein ? Singen will ich, Lieder singen, Die dir klagen meine Pein ! Denn vor Liebesklang entweichet Jeder Raum und jede Zeit, Und ein liebend Herz erreichet Was ein liebend Herz geweiht ! | Je suis assis sur la colline, les yeux fixés sur le paysage bleu de brouillard, regardant les pâturages lointains où je t’ai trouvée, toi, ma bien-aimée. Je suis parti loin de toi, les monts et les vallées nous coupent de notre quiétude, de notre bonheur et de nos peines. Ah ! tu ne peux voir ce regard, qui ardemment se hâte vers toi et les soupirs se perdent dans l’espace qui nous sépare ! Plus rien ne veut donc plus t’atteindre ? Ni ne veut donc être messager de l’amour ? Je veux chanter, chanter des chants qui te parlent de ma peine ! Car au son d’une chanson s’efface la distance et le temps et un coeur amoureux reçoit ce qu’un coeur amoureux lui a voué. |
2.
Wo die Berge so blau Aus dem nebligen Grau Schauen herein, Wo die Sonne verglüht, Wo die Wolke umzieht, Möchte ich sein ! Dort im ruhigen Tal Schweigen Schmerzen und Qual. Wo im Gestein Still die Primel dort sinnt, Weht so leise der Wind, Möchte ich sein ! Hin zum sinnigen Wald Drängt mich Liebesgewalt, Innere Pein. Ach, mich zög’s nicht von hier, Könnt ich, Traute, bei dir Ewiglich sein ! | Là où les monts si bleus du brouillard gris émergent, là où le soleil se couche, là où s’avance le nuage, là je voudrais être ! Là -bas dans la vallée calme se taisent les douleurs et la peine. Là où sur la roche la primevère rêve paisiblement, là où la brise souffle, légère, là je voudrais être. Vers la forêt rêveuse la force de l’amour me pousse, intolérable peine. Ah ! mais rien ne me ferait partir d’ici si je pouvais être éternellement près de toi, ma bien-aimée ! |
3.
Leichte Segler in den Höhen, Und du, Bächlein klein und schmal, Könnt mein Liebchen ihr erspähen, GrüàŸt sie mir viel tausendmal. Seht ihr, Wolken, sie dann gehen Sinnend in dem stillen Tal, LaàŸt mein Bild vor ihr entstehen In dem luft’gen Himmelssaal. Wird sie an den Büschen stehen, Die nun herbstlich falb und kahl. Klagt ihr, wie mir ist geschehen, Klagt ihr, Vöglein, meine Qual. Stille Weste, bringt im Wehen Hin zu meiner Herzenswahl Meine Seufzer, die vergehen Wie der Sonne letzter Strahl. Flüstr’ ihr zu mein Liebesflehen, LaàŸ sie, Bächlein klein und schmal, Treu in deinen Wogen sehen Meine Tränen ohne Zahl ! | Oiseaux dans les cieux, petit ruisseau, si vous pouvez voir ma bien-aimée, transmettez-lui mille fois mon souvenir ! Et vous, nuages, si ensuite vous la voyez marcher d’un air rêveur dans la tranquille vallée, évoquez vite mon image dans l’éther ! Si elle se tient près des buissons qui maintenant en automne sont décolorés, petits oiseaux, contez-lui ce qui m’est arrivé, contez-lui ma peine ! Calmes vents d’ouest, portez à l’élue de mon coeur mes soupirs, qui s’éteignent comme le dernier rayon du soleil. Petit ruisseau, chuchote-lui ma plainte amoureuse, montre-lui fidèlement mes larmes innombrables. |
4.
Diese Wolken in den Höhen, Dieser Vöglein muntrer Zug, Werden dich, o Huldin, sehen. Nehmt mich mit im leichten Flug ! Diese Weste werden spielen Scherzend dir um Wang’ und Brust, In den seidnen Locken wühlen. Teilt ich mit euch diese Lust ! Hin zu dir von jenen Hügeln Emsig dieses Bächlein eilt. Wird ihr Bild sich in dir spiegeln, FlieàŸ zurück dann unverweilt ! | Ces nuages dans les cieux, cet envol joyeux d’oiseaux vont te voir, ô bien-aimée ! Emmenez-moi dans votre vol léger ! Ces vents d’ouest vont jouer en riant le long de ta joue, de ta poitrine et dans tes boucles soyeuses. Puissé-je partager ce plaisir avec vous ! Vers toi ce ruisseau descend rapidement de ces collines ; si elle se reflète dans tes eaux, que son image retourne vite vers moi ! |
5.
Es kehret der Maien, es blühet die Au, Die Lüfte, sie wehen so milde, so lau, Geschwätzig die Bäche nun rinnen. Die Schwalbe, die kehret zum Dach, Sie baut sich so emsig ihr bräutlich Gemach, Die Liebe soll wohnen da drinnen. Sie bringt sich geschäftig von kreuz und von quer Manch weicheres Stück zu dem Brautbett, Manch wärmendes Stück für die Kleinen. Nun wohnen die Gatten beisammen so treu, Was Winter geschieden, verband nun der Mai, Was liebet, das weiàŸ er zu einen. Es kehret der Maien, es blühet die Au. Die Lüfte, sie wehen so milde, so lau. Nur ich kann nicht ziehen von hinnen. Wenn alles, was liebet, der Frühling vereint, Nur unserer Liebe kein Frühling erscheint, Und Tränen sind all ihr Gewinnen. | Le mois de mai revient, les prés sont fleuris. L’air tiède souffle doucement et les rivières coulent, bavardes... L’hirondelle revient à son toit accueillant et construit avec zèle sa demeure nuptiale, l’amour doit y habiter. Elle apporte de droite et de gauche des brins, plus doux pour son lit, plus chauds pour les oisillons. Maintenant les époux vivent enfin ensemble ; ce que l’hiver avait séparé, mai le rassemble car il sait réunir ceux qui s’aiment. Mai revient, les prés sont en fleurs, l’air tiède souffle doucement, seulement moi je ne peux partir... Au moment où tout ce qui s’aime est réuni par le printemps, notre amour ne connaît pas de printemps et ne gagne que des larmes, oui, que des larmes. |
6.
Nimm sie hin denn, diese Lieder, Die ich dir, Geliebte, sang, Singe sie dann abends wieder Zu der Laute süàŸem Klang. Wenn das Dämmrungsrot dann zieht Nach dem stillen blauen See, Und sein letzter Strahl verglühet Hinter jener Bergeshöh ; Und du singst, was ich gesungen, Was mir aus der vollen Brust ohne Kunstgepräng erklungen, Nur der Sehnsucht sich bewuàŸt : Dann vor diesen Liedern weichet Was geschieden uns so weit, Und ein liebend Herz erreichet Was ein liebend Herz geweiht. | Accepte donc ces chansons que je te chantais, ô bien-aimée, et chante-les le soir en t’accompagnant du son doux de ton luth ! Quand le crépuscule s’étend vers le lac calme et bleu et que le dernier rayon disparaît derrière la cime de cette montagne et quand tu chantes ce que je chantais, ce qui sortait avec force de ma poitrine, sans artifice, seulement conscient de cette langueur, alors ce qui nous a séparés cède devant ces chansons et un coeur amoureux reçoit ce qu’un coeur amoureux lui a voué. |
Trois extraits de La Damnation de Faust : La puce, Repose et Devant la maison,
poème de Wolfgang von Goethe (extrait de Faust) : rechercher sur youtube
Les Nuits d’été, 6 mélodies,
poèmes de Théophile Gautier (extraits du recueil La Comédie de la mort)
1. Villanelle : écouter sur youtube (sous-titré)
2. Le spectre de la rose : écouter sur youtube (sous-titré)
3. Lamento (Ma belle amie est morte) : écouter sur youtube (sous-titré)
4. Absence : écouter sur youtube (sous-titré)
5. Au cimetière : écouter sur youtube (sous-titré)
6. L’île inconnue : écouter sur youtube (sous-titré)
Bonsoir, bonne nuit, berceuse op. 49 n° 4 : écouter sur youtube (+ traduction)
Rhapsodie pour alto op. 53, poème de Johann Wolfgang von Goethe : écouter
Aber abseits wer ist’s ? Im Gebüsch verliert sich der Pfad. Hinter ihm schlagen Die Sträuche zusammen, Das Gras steht wieder auf, Die à–de verschlingt ihn. Ach, wer heilet die Schmerzen Des, dem Balsam zu Gift ward ? Der sich MenschenhaàŸ Aus der Fülle der Liebe trank ? Erst verachtet, nun ein Verächter, Zehrt er heimlich auf Seinen eigenen Wert In ungenugender Selbstsucht. Ist auf deinem Psalter, Vater der Liebe, ein Ton Seinem Ohre vernehmlich, So erquicke sein Herz ! à–ffne den umwölkten Blick àœber die tausend Quellen Neben dem Durstenden In der Wüste ! | À l’écart qui va là ? L’exilé suit seul son chemin. Sur ses pas, les buissons se referment; pour lui la terre est dure, partout la solitude. Ah, qui peut guérir l’âme que la haine a blessée et qui boit le fiel dans le calice de l’amour ? Désemparée, pleine de rage, elle se nourrit de son propre orgueil en de vaines délices. S’il est sur tes cordes, Dieu de la lyre, un chant qui le puisse émouvoir, O, ranime ce coeur ! Guide ce regard voilé vers les sources limpides que cherche en vain sa lèvre altérée ! |
Ballade des dames du temps jadis (+ texte), écouter sur youtube
poème de François Villon
Il n’y a pas d’amour heureux, écouter sur youtube (sous-titré)
poème de Louis Aragon
Mignonne, allons voir si la rose, chanson pour voix et luth : écouter sur youtube
poème de Pierre de Ronsard extrait des Odes à Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose, chanson pour choeur a capella : écouter sur youtube
poème de Pierre de Ronsard extrait des Odes à Cassandre
Allons gay gay bergère, chanson pour choeur a capella : écouter sur youtube
Fête galante, poème de Théodore de Banville : écouter
Voilà Sylvandre et Lycas et Myrtil Car c’est ce soir fête chez Cydalise. Partout dans l’air court un parfum subtil, Dans le grand parc où tout s’idéalise Avec la rose Aminthe rivalise. | Philis, Eglé, qui suivent leurs amants, Cherchent l’ombrage en mille endroits charmants. Dans le soleil qui s’irrite et qui joue, Luttant d’orgueil avec les diamants, Sur le chemin, le Paon blanc fait la roue. |
Trois Chansons de Charles d’Orléans pour choeur a capella
poèmes de Charles d’Orléans : Dieu, qu’il la fait bon regarder, Quant j’ai ouy le tambourin et Yver, vous n’estes qu’un villain ! : écouter sur youtube (partition)
Chevaux de bois (n° 4 des Ariettes oubliées : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine.
1. Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tounez mille tours. Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. 3. Tournez, tournez, chevaux de leur coeur, Tandis qu’autour de tous vos tournois Clignote l’oeil du filou sournois. Tournez au son du piston vainqueur ! 5. Tournez dadas, sans qu’il soit besoin D’user jamais de nuls éperons Pour commander à vos galops ronds. Tournez, tournez, sans espoir de foin, 7. Tournez, tournez ! Le ciel en velours D’astres en or se vêt lentement, | 2. L’enfant tout rouge et la mère blanche, Le gars en noir et la fille en rose. L’une à la chose et l’autre à la pose, Chacun se paie un sou de dimanche. 4. C’est étonnant comme ça vous soûle, D’aller ainsi dans ce cirque bête, Rien dans le ventre et mal dans la tête, Du mal en masse et du bien en foule ; 6. Et dépêchez, chevaux de leur âme, Déjà voici que sonne à la soupe La nuit qui tombe et chasse la troupe De gais buveurs, que leur soif affame. 8. L’église tinte un glas tristement. Tournez au son joyeux des tambours, tournez. |
Green (n° 5 des Ariettes Oubliées) : écouter sur youtube (partition)
poème de Paul Verlaine.
Fantoches (n° 2 des Fêtes galantes vol. I) : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine.
Scaramouche et Pulcinella, Qu’un mauvais dessein rassembla, Gesticulent noirs sous la lune, Cependant l’excellent docteur Bolonais Cueille avec lenteur des simples Parmi l’herbe brune. | Lors sa fille, piquant minois, Sous la charmille, en tapinois, Se glisse demi-nue, En quête de son beau pirate espagnol, Dont un amoureux rossignol Clame la détresse à tue-tête. |
Mandoline : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine, mis aussi en musique par Fauré (écouter sur youtube)
1. Les donneurs de sérénades Et les belles écouteuses Echangent des propos fades Sous les ramures chanteuses. 3. Leurs courtes vestes de soie, Leurs longues robes à queue, Leur élégance, leur joie Et leurs molles ombres bleues, | 2. C’est Tircis et c’est Aminte, Et c’est l’éternel Clitandre, Et c’est Damis qui pour mainte Cruelle fait maint vers tendre. 4. Tourbillonnent dans l’extase D’une lune rose et grise, Et la mandoline jase Parmi les frissons de brise. |
L’Invitation au Voyage : écouter sur youtube (partition)
poème extrait des Fleurs du Mal (voir wikipedia) de Charles Baudelaire.
La Vie antérieure : écouter sur youtube
poème extrait des Fleurs du Mal (voir wikipedia) de Charles Baudelaire.
1. J’ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. 3. C’est là , c’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs, Et des esclaves nus tout imprégnés d’odeurs | 2. Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d’une façon solennelle et mystique Les tout puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux... 4. Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l’unique soin était d’approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir. |
Après un rêve, op. 7 n° 1 : écouter sur youtube (partition)
poème de Romain Bussine basé sur un texte italien anonyme
Au bord de l’eau, op. 8 n° 1 : écouter sur youtube
poème de René François Sully Prudhomme
1. S’asseoir tous deux au bord du flot qui passe, Le voir passer, Tous deux s’il glisse un nuage en l’espace, Le voir glisser, 3. Entendre au pied du saule où l’eau murmure L’eau murmurer, Ne pas sentir tant que ce rêve dure Le temps durer. 5. Et seuls tous deux devant tout ce qui lasse Sans se lasser, | 2. À l’horizon s’il fume un toit de chaume Le voir fumer, Aux alentours si quelque fleur embaume S’en embaumer, 4. Mais n’apportant de passion profonde Qu’à s’adorer, Sans nul souci des querelles du monde Les ignorer ; 6. Sentir l’amour devant tout ce qui passe Ne point passer ! |
Ici-bas tous les lilas meurent, op. 8 n° 3 : écouter sur youtube
poème de René François Sully Prudhomme
1. Ici-bas tous les lilas meurent, Tous les chants des oiseaux sont courts, Je rêve aux étés qui demeurent Toujours ! 3. Ici-bas, tous les hommes pleurent Leurs amitiés ou leurs amours ; | 2. Ici-bas les lèvres effleurent Sans rien laisser de leur velours, Je rêve aux baisers qui demeurent Toujours ! 4. Je rêve aux couples qui demeurent Toujours ! |
Nell, op. 18 n° 1 : écouter sur youtube
poème de Charles-Marie-René Leconte de Lisle
1. Ta rose de pourpre à ton clair soleil, à” Juin, étincelle enivrée, Penche aussi vers moi ta coupe dorée: Mon coeur à ta rose est pareil. 3. Que ta perle est douce au ciel parfumé. Étoile de la nuit pensive ! Mais combien plus douce est la clarté vive Qui rayonne en mon coeur, en mon coeur charmé ! | 2. Sous le mol abri de la feuille ombreuse Monte un soupir de volupté: Plus d’un ramier chante au bois écarté. à” mon coeur, sa plainte amoureuse. 4. La chantante mer. Le long du rivage, Taira son murmure éternel, Avant qu’en mon coeur, chère amour. à” Nell, ne fleurisse plus ton image ! |
Automne, op. 18 n° 3 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre
1. Automne au ciel brumeux, aux horizons navrants. Aux rapides couchants, aux aurores pâlies, Je regarde couler, comme l’eau du torrent, Tes jours faits de mélancolie. 3. Je sens, au clair soleil du souvenir vainqueur, Refleurir en bouquet les roses deliées, | 2. Sur l’aile des regrets mes esprits emportés, Comme s’il se pouvait que notre âge renaisse !- Parcourent, en rêvant, les coteaux enchantés, Où jadis sourit ma jeunesse ! 4. Et monter à mes yeux des larmes, qu’en mon coeur, Mes vingt ans avaient oubliées ! |
Les Berceaux, op. 23 n° 1 : écouter sur youtube (partition)
poème de René François Sully Prudhomme
Le Secret, op. 23 n° 3 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre
1. Je veux que le matin l’ignore Le nom que j’ai dit à la nuit, Et qu’au vent de l’aube, sans bruit, Comme une larme il s’évapore. 3. Je veux que le couchant l’oublie Le secret que j’ai dit au jour, | 2. Je veux que le jour le proclame L’amour qu’au matin j’ai caché, Et sur mon coeur ouvert penché Comme un grain d’encens il l’enflamme. 4. Et l’emporte avec mon amour, Aux plis de sa robe pâlie ! |
Chanson d’amour, op. 27 n° 1 : écouter sur youtube
poème d’Armand Silvestre
1. J’aime tes yeux, j’aime ton front, à” ma rebelle, ô ma farouche, J’aime tex yeux, j’aime ta bouche Où mes baisers s’épuiseront. 3. J’aime tout ce qui te fait belle, De tes pieds jusqu’à tes cheveux, | 2. J’aime ta voix, j’aime l’étrange Grâce de tout ce que tu dis, à” ma rebelle, ô mon cher ange, Mon enfer et mon paradis ! 4. à” toi vers qui montent mes vœux, à” ma farouche, ô ma rebelle ! |
Madrigal, op. 35, pour piano et chœur a capella : écouter sur youtube (partition)
poème d’Armand Silvestre
Clair de lune, op. 46 n° 2 : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine
Votre âme est un paysage choisi Que vont charmants masques et bergamasques, Jouant du luth et dansant, et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques, Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune. | Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur, Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver, les oiseaux dans les arbres, Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres. |
Larmes, op. 51 n° 1 : écouter
poème de Jean Richepin.
1. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre, Une larme tombe, puis une autre, Toi, qui pleures-tu ? ton doux pays, Tes parents lointains, ta fiancée. Moi, mon existence dépensée En voeux trahis ! 3. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre, Une larme tombe, puis une autre. Le flux de la mer en est grossi Et d’une salure plus épaisse, Depuis si longtemps que notre espèce Y pleure ainsi. | 2. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre, Une larme tombe, puis une autre, Semons dans la mer ces pâles fleurs A notre sanglot qui se lamente Elle répondra par la tourmente Des flots hurleurs. 4. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre, Une larme tombe, puis une autre, Peut-être toi-même, ô triste mer, Mer au goût de larme âcre et salée, Es-tu de la terre inconsolée Le pleur amer ! |
Au cimetière, op. 51 n° 2 : écouter sur youtube et écouter Barbara
poème de Jean Richepin.
1. Heureux qui meurt ici, Ainsi que les oiseaux des champs ! Son corps, près des amis, Est mis dans l’herbe et dans les chants. Il dort d’un bon sommeil vermeil, Sous le ciel radieux. Tous ceux qu’il a connus, venus, Lui font de longs adieux. 3. Combien plus malchanceux Sont ceux qui meurent à la mé, Et sous le flot profond S’en vont loin du pays aimé ! | 2. À sa croix les parents pleurants, Restent agenouillés, Et ses os, sous les fleurs, de pleurs Sont doucement mouillés Chacun sur le bois noir, Peut voir s’il était jeune ou non, Et peut, avec de vrais regrets, L’appeler par son nom, 4. Ah ! pauvres ! qui pour seul linceul Ont les goëmons verts, Où l’on roule inconnu, tout nu, Et les yeux grands ouverts ! |
J’ai presque peur, en vérité, n°5 de La Bonne Chanson op. 61
poème de Paul Verlaine : écouter sur youtube (partition)
Prison, Fauré : Op. 83 n° 1 : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine
Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme, Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu’on voit, Doucement tinte, Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit, Chante sa plainte. | Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là , Simple et tranquille ! Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu’as-tu fait, ô toi que voilà , Pleurant sans cesse, Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà , De ta jeunesse ? |
Aimer à perdre la raison : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon
Que serai-je sans toi : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon
Sous le pont Mirabeau : écouter sur youtube
poème de Guillaume Apollinaire (extrait d’Alcool)
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon (extrait de Le roman inachevé)
Blues : écouter sur youtube
poème de Louis Aragon (extrait de Quatorzième arondissement)
Que sont mes amis devenus : écouter sur youtube
poème de Rutebeuf
Mon rêve familier : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine (extrait des Poèmes saturniens)
Les Feuilles mortes : écouter sur youtube (chanté par Yves Montand)
poème de Jacques Prévert
Barbara : écouter sur youtube (chanté par Yves Montand)
poème de Jacques Prévert
Barcarolle : écouter sur youtube (sous-titré)
extraite des Contes d’Hoffmann (livret de Jules Barbier)
Chanson de Fortunio : écouter sur youtube
poème d’Alfred de Musset
Le Bestiaire ou Le Cortège d’Orphée : écouter sur youtube
poèmes de Guillaume Apollinaire
Marie, n° 6 des Sept chansons pour choeur à capella : écouter sur youtube
poème d’Apollinaire (extrait d’Alcools)
1. Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C’est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront Quand donc reviendrez-vous Marie Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine Qu’elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux Les brebis s’en vont dans la neige Flocons de laine et ceux d’argent Des soldats passent et que n’ai-je | 2. Un coeur à moi ce coeur changeant Changeant et puis encor que sais-je Sais-je où s’en iront tes cheveux Crépus comme mer qui moutonne Sais-je où s’en iront tes cheveux Et tes mains feuilles de l’automne Que jonchent aussi nos aveux Je passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s’écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine Quand donc reviendrez-vous Marie. |
En chantant les servantes s’élancent, n° 2 de Figure humaine pour chœur a capella
poème de Paul Éluard (extrait de Poésie et vérité) : écouter sur youtube (sous-titré)
Liberté, n° 7 de Figure humaine pour chœur a capella
poème de Paul Éluard (extrait de Poésie et vérité) : écouter sur youtube (sous-titré)
Belle et ressemblante, n° 5 de Sept chansons pour choeur à capella
poème de Paul Éluard (extrait de La vie immédiate) : écouter sur youtube
Un visage à la fin du jour Un berceau dans les feuilles mortes du jour Un bouquet de pluie nue Tout soleil caché Toute source des sources au fond de l’eau | Tout miroir des miroirs brisé Un visage dans les balances du silence Un caillou parmi d’autres cailloux Pour les frondes des dernières lueurs du jour Un visage semblable à tous les visages oubliés. |
Attributs, n° 1 de Cinq poèmes de Ronsard : écouter sur youtube
Les épis sont à Cérès, Aux Dieux bouquins les forêts, À Chlore l’herbe nouvelle, À Phoebus le vert laurier, À Minerve l’olivier, Et le beau pin à Cybèle ; | Au Zéphir le doux bruit, À Pomone le doux fruit, L’onde aux Nymphes est sacrée, À Flore les belles fleurs ; Mais les soucis et les pleurs Sont sacrés à Cythèrée. |
Le Tombeau, n° 2 de Cinq poèmes de Ronsard : écouter
Quand le ciel et mon heure Jugeront que je meure, Ravi du beau séjour Du commun jour, Je défends qu’on ne rompe Le marbre pour la pompe De vouloir mon tombeau Bâtir plus beau, Mais bien je veux qu’un arbre M’ombrage en lieu d’un marbre, | Arbre qui soit couvert Toujours de vert. De moi puisse la terre Engendrer un lierre M’embrassant en maint tour Tout à l’entour ; Et la vigne tortisse Mon sépulcre embellisse, Faisant de toutes parts Une ombre épars. |
Histoires naturelles, 5 mélodies : écouter
textes extraits des Histoires naturelles de Jules Renard.
1. LE PAON
Il va sûrement se marier aujourd’hui.2. LE GRILLON
C’est l’heure où, las d’errer, l’insecte nègre revient de promenade et répare avec soin le désordre de son domaine.3. LE CYGNE
Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n’a faim que des nuages floconneux qu’il voit naître, bouger, et se perdre dans l’eau. C’est l’un d’eux qu’il désire. Il le vise du bec, et il plonge tout à coup son col vêtu de neige.4. LE MARTIN-PàŠCHEUR
Ça n’a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion.5. LA PINTADE
C’est la bossue de ma cour. Elle ne rêve que plaies à cause de sa bosse.Ronsard à son âme : écouter sur youtube
poème de Pierre de Ronsard
Amelette Ronsardelette, Mignonnelette, doucelette, Trés chère hostesse de mon corps, Tu descens là -bas, faiblelette, Pasle, maigrelette, seulette, Dans le froid royaume des mors ; | Toutesfois simple, sans remors De meurtre, poison, et raucune, Méprisant faveurs et trésors, Tant enviez par la commune. Passant, j’ay dit : suy ta fortune, Ne trouble mon repos, je dors. |
Schéhérazade, 3 mélodies : écouter la partie 1 (partition) et la partie 2 (partition)
poèmes de Tristan Klingsor (reproduits ici)
Der Erlkönig (Le Roi des Aulnes) : écouter sur youtube (sous-titré)
poème de Johann Wolfgang von Goethe
Halt ! : écouter sur youtube
poème de Wilhelm Müller extrait du cycle Die schöne Müllerin (La belle Meunière)
Eine Mühle seh ich blicken Aus den Erlen heraus, Durch Rauschen und Singen Bricht Rädergebraus. Ei willkommen, ei willkommen, SüàŸer Mühlengesang ! Und das Haus, wie so traulich ! Und die Fenster, wie blank ! Und die Sonne, wie helle Von Himmel sie scheint ! Ei, Bächlein, liebes Bächlein, War es also gemeint ? | Je vois un moulin briller Parmi les aulnes, À travers le murmure et le chant Le grondement des roues fait irruption. Sois le bienvenu, sois le bienvenu, Doux chant du moulin ! Et la maison, comme elle est confortable, Et la fenêtre, comme elle est brillante ! Et le soleil, comme il brille Vivement dans le ciel. Petit ruisseau, cher petit ruisseau, Est-ce que tu voulais dire ? |
Ungeduld (Impatience) : écouter sur youtube
poème de Wilhelm Müller extrait du cycle Die schöne Müllerin (La belle Meunière)
Ich schnitt es gern in alle Rinden ein, Ich grüb es gern in jeden Kieselstein, Ich möcht es sä’n auf jedes frische Beet Mit Kressensamen, der es schnell verrät, Auf jeden weiàŸen Zettel möcht ich’s schreiben: Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben. Ich möcht mir ziehen einen jungen Star, Bis daàŸ er spräch die Worte rein und klar, Bis er sie spräch mit meines Mundes Klang, Mit meines Herzens vollem, heiàŸen Drang; Dann säng er hell durch ihre Fensterscheiben: Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben. Den Morgenwinden möcht ich’s hauchen ein, Ich möcht es säuseln durch den regen Hain; Oh, leuchtet’ es aus jedem Blumenstern ! Trüg es der Duft zu ihr von nah und fern ! Ihr Wogen, könnt ihr nichts als Räder treiben ? Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben. Ich meint, es müàŸt in meinen Augen stehn, Auf meinen Wangen müàŸt man’s brennen sehn, Zu lesen wär’s auf meinem stummen Mund, Ein jeder Atemzug gäb’s laut ihr kund, Und sie merkt nichts von all dem bangen Treiben: Dein ist mein Herz und soll es ewig bleiben. | Je voudrais le graver sur chaque écorce, Je voudrais le sculpter dans chaque caillou, Je voudrais le semer dans chaque plate-bande Avec des graines de cresson qui vite le trahiront. Sur chaque morceau de papier blanc je voudrais l’écrire : Mon cœur est à toi et le sera pour toujours. Je voudrais élever un jeune étourneau, Jusqu’à ce qu’il prononce ces mots fort et clair, Jusqu’à ce qu’il parle avec le son de ma voix, Avec tout l’ardent désir de mon cœur, Alors il chanterait clairement à sa fenêtre : Mon cœur est à toi et le sera pour toujours. Aux vents du matin je voudrais le souffler, Je voudrais le murmurer au bois animé ; Oh, qu’il brille au cœur de chaque fleur ! Que le parfum le porte jusqu’à elle ! Vous les flots, ne pouvez-vous bouger que la roue ? Mon cœur est à toi et le sera pour toujours. Je pensais, il doit être visible dans mes yeux, Sur mes joues, on pouvait le voir brûler, Il pouvait être lu sur mes lèvres muettes, Chacune de mes respirations lui disait tout fort. Et de tout ce tourment craintif elle n’a rien remarqué : Mon cœur est à toi et le sera pour toujours ! |
Frühling (Printemps), n°1 des Quatre Derniers Lieder
poèmes de Joseph von Eichendorff : écouter sur youtube
In dämmrigen Grüften träumte ich lang von deinen Bäumen und blauen Lüften, von deinem Duft und Vogelsang. Nun liegst du erschlossen in GleiàŸ und Zier, von Licht übergossen wie ein Wunder vor mir. Du kennest mich wieder, du lockest mich zart, es zittert durch all meine Glieder deine selige Gegenwart! | Dans les tombes crépusculaires J’ai longtemps rêvé De tes arbres et de tes ciels bleus, De ton parfum et de tes chants d’oiseaux. Maintenant accessible tu es là , Brillant et gracile, Inondé de lumière Comme une merveille devant moi. Tu me reconnais, Tu m’attires doucement, Je frissonne de tous mes membres De ta bienheureuse présence. |
Im Abendrot (Coucher de soleil), n°4 des Quatre Derniers Lieder
poèmes de Joseph von Eichendorff : écouter sur youtube
Wir sind durch Not und Freude Gegangen Hand in Hand, Vom Wandern ruhen wir beide Nun überm stillen Land. Rings sich die Täler neigen, Es dunkelt schon die Luft, Zwei Lerchen nur noch steigen Nachträumend in den Duft. Tritt her, und laàŸ sie schwirren Bald ist es Schlafenszeit, DaàŸ wir uns nicht verirren In dieser Einsamkeit. O weiter, stiller Friede! So tief im Abendrot, Wie sind wir wandermüde Ist das etwa der Tod? | À travers détresse et joie, Nous sommes allés, main dans la main: De notre chemin tous deux nous nous reposons Maintenant au-dessus du pays calme. Tout autour les vallées s’inclinent, Déjà l’air s’assombrit Deux alouettes encore s’élèvent Dans les parfums annonçant la nuit. Viens là , et laisse les voleter, Il est bientôt temps de dormir, Ne nous égarons pas Dans cette solitude. O grande et silencieuse paix ! Si profonde au coucher du soleil, Comme nous sommes fatigués de marcher - Est-ce un peu comme ça, la mort ? |
L’âme des poètes : écouter sur youtube
poème de Charles Trenet.
Chanson d’automne : écouter sur youtube
poème de Paul Verlaine (extrait des Poèmes saturniens)
Der Engel (L’Ange), n° 1 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck
In der Kindheit frühen Tagen Hört ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Tauschen mit der Erdensonne, DaàŸ, wo bang ein Herz in Sorgen Schmachtet vor der Welt verborgen, DaàŸ, wo still es will verbluten, Und vergehn in Tränenfluten, DaàŸ, wo brünstig sein Gebet Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt, Und es sanft gen Himmel hebt. Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmelwärts! | Dans les premiers jours de l’enfance J’ai souvent entendu dire des anges Qu’ils échangeaient les sublimes joies du ciel Pour le soleil de la terre, Que, quand un cœur anxieux en peine Cache son chagrin au monde, Que, quand il souhaite en silence saigner et s’évanouir dans un flot de larmes, Que, quand avec ferveur sa prière Demande seulement sa délivrance, Alors l’ange descend vers lui Et le porte vers le ciel. Oui, un ange est descendu vers moi, Et sur ses ailes brillantes Mène, loin de toute douleur, Mon âme vers le ciel ! |
Stehe still ! (Arrête-toi !), n° 2 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck
Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, laàŸ mich sein! Halte an dich, zeugende Kraft, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew’ger Tag! DaàŸ in selig süàŸem Vergessen Ich mög alle Wonnen ermessen! Wenn Aug’ in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet, Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen: Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur, Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur! | Sifflant, mugissant, roue du temps, Arpenteur de l’éternité ; Sphères brillantes du vaste Tout, Qui entourez le globe du monde ; Création éternelle, arrêtez, Assez d’évolutions, laissez-moi être ! Arrêtez, puissances génératrices, Pensée primitive, qui crée sans cesse ! Ralentissez le souffle, calmez le désir, Donnez seulement une seconde de silence ! Pouls emballés, retenez vos battements ; Cesse, jour éternel de la volonté ! Pour que dans un oubli béni et doux, Je puisse mesurer tout mon bonheur ! Quand un œil boit la joie dans un autre, Quand l’âme se noie toute dans une autre, Un être se trouve lui-même dans un autre, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes dans un silence étonné, Et que le cœur n’a plus aucun souhait, Alors l’homme reconnaît le signe de l’éternité, Et résout ton mystère, sainte nature ! |
Im Treibhaus (Dans la serre), n° 3 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck
Hochgewölbte Blätterkronen, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Saget mir, warum ihr klagt? Schweigend neiget ihr die Zweige, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge Steiget aufwärts, süàŸer Duft. Weit in sehnendem Verlangen Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen à–der Leere nicht’gen Graus. Wohl, ich weiàŸ es, arme Pflanze; Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier! Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Sich in Schweigens Dunkel ein. Stille wird’s, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunklen Raum: Schwere Tropfen seh ich schweben An der Blätter grünem Saum. | Couronnes de feuilles, en arches hautes, Baldaquins d’émeraude, Enfants des régions éloignées, Dites-moi pourquoi vous vous lamentez. En silence vous inclinez vos branches, Tracez des signes dans l’air, Et témoin muet de votre chagrin, Un doux parfum s’élève. Largement, dans votre désir impatient Vous ouvrez vos bras Et embrassez dans une vaine illusion Le vide désolé, horrible. Je sais bien, pauvres plantes : Nous partageons le même sort. Même si nous vivons dans la lumière et l’éclat, Notre foyer n’est pas ici. Et comme le soleil quitte joyeusement L’éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment S’enveloppe dans le sombre manteau du silence. Tout se calme, un bruissement anxieux Remplit la pièce sombre : Je vois de lourdes gouttes qui pendent Au bord vert des feuilles. |
Schmerzen (Douleurs), n° 4 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck
Sonne, weinest jeden Abend Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Dich erreicht der frühe Tod; Doch erstehst in alter Pracht, Glorie der düstren Welt, Du am Morgen neu erwacht, Wie ein stolzer Siegesheld! Ach, wie sollte ich da klagen, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, MuàŸ die Sonne selbst verzagen, MuàŸ die Sonne untergehn? Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonne nur: O wie dank ich, daàŸ gegeben Solche Schmerzen mir Natur! | Soleil, tu pleures chaque soir Jusqu’à ce que tes beaux yeux soient rouges, Quand, te baignant dans le miroir de la mer Tu es saisi par une mort précoce ; Mais tu t’élèves dans ton ancienne splendeur, Gloire du monde obscur, Éveillé à nouveau au matin, Comme un fier héros vainqueur ! Ah, pourquoi devrais-je me lamenter, Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd, Si le soleil lui-même doit désespérer, Si le soleil doit disparaître ? Et si la mort seule donne naissance à la vie, Si la douleur seule apporte la joie, Oh, comme je suis reconnaissant Que la Nature m’a donné de tels tourments ! |
Träume (Rêves), n° 5 des Wesendonck Lieder : écouter sur youtube
poème de Mathilde Wesendonck
Sag, welch wunderbare Träume Halten meinen Sinn umfangen, DaàŸ sie nicht wie leere Schäume Sind in ödes Nichts vergangen? Träume, die in jeder Stunde, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Selig durchs Gemüte ziehn! Träume, die wie hehre Strahlen In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken! Träume, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küàŸt, DaàŸ zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüàŸt, DaàŸ sie wachsen, daàŸ sie blühen, Träumend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Und dann sinken in die Gruft. | Dis, quels rêves merveilleux Tiennent mon âme prisonnière, Sans disparaître comme l’écume de la mer Dans un néant désolé ? Rêves, qui à chaque heure, Chaque jour, fleurissent plus beaux Et qui avec leur annonce du ciel, Traversent l’air heureux mon esprit ? Rêves, qui comme des rayons de gloire, Pénètrent l’âme, Pour y laisser une image éternelle : Oubli de tout, souvenir d’un seul. Rêves, qui comme le soleil du printemps Baise les fleurs qui sortent de la neige, Pour qu’avec un ravissement inimaginable Le nouveau jour puisse les accueillir, Pour qu’elles croissent et fleurissent, Répandent leur parfum, dans un rêve, Doucement se fanent sur ton sein, Puis s’enfoncent dans la tombe. |