Johann Sebastian Bach eut vingt enfants de ses deux mariages successifs. Dix ont atteint l’âge adulte : quatre filles et six garçons. Il leur a probablement donné à tous une excellente éducation musicale, mais quatre seulement (bien entendu des garçons) se sont distingués comme compositeurs.
Wilhelm Friedemann (1710-1784) est l’aîné. Il est surnommé le Bach de Halle car il travailla longtemps pour cette ville. Sans doute le plus doué de la famille, son caractère difficile et sa personnalité tourmentée sont la cause de son peu de réussite sociale. Trop attaché à l’héritage de son père, dont il s’attribue certaines œuvres, il ne parvient pas comme ses frères à accompagner l’évolution de la musique du baroque au classique.
Très épris de liberté, il abandonne son poste à Halle pour tenter de vivre en musicien indépendant mais il avait un siècle d’avance. Finalement, il meurt à Berlin dans un dénuement total : écouter sa Sinfonia F067 en fa M, mvt 1.
Carl Philipp Emanuel (1714-1788) est surnommé le Bach de Berlin et de Hambourg, villes où il a surtout travaillé. Hostile au style galant, il élabore un langage personnel marqué par une grande sensibilité émotive. Il aime les contrastes, les dissonances incisives, les points d’orgue dramatiques, les silences inattendus, les altérations du tempo, les brusques passages du majeur au mineur. Le premier, il note des indications de nuances sur ses partitions (écouter son Concerto clavecin-cordes la M WQ29, mvt 3). Il a contribué plus qu’aucun autre à remplacer l’ancienne coupe binaire de la sonate par une coupe ternaire : exposition à deux thèmes contrastés, développement thématique, ré-exposition.
Haydn, lorsqu’il eut la révélation de ses sonates (écouter la WQ 62 n°19 en sol M, mvt 1), écrivit : « Je ne quittai pas mon clavier avant de les avoir toutes jouées. Celui qui me connaît bien trouvera que j’ai de grandes obligations envers Emmanuel Bach, que j’ai saisi son style et que je l’ai étudié avec soin. » Mozart de même déclare : « Emmanuel Bach est le maître, nous sommes les écoliers ; si l’un d’entre nous a fait quelque chose de bien, c’est de lui qu’il l’a appris. »
Jean-Sébastien se trompait quand il disait de ses deux fils aînés : « Carl Philipp Emanuel est comme le bleu de Prusse, il sera connu, mais s’évaporera vite. Seul Wilhelm Friedeman réussira à percer durablement même s’il lui faudra du temps avant de réussir. ». C’est tout le contraire qui s’est produit !
Johann Christoph Friedrich (1732-1795) est surnommé le Bach de Bückeburg, ville où il mène modestement toute sa carrière mais dont il fait un centre musical réputé. Ses symphonies et concertos pour clavier méritent qu’on s’y arrête (écouter la Sinfonia HW I n° 03, ré m, mvt 1).
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Johann Christian (1735-1782) est surnommé le Bach de Milan et de Londres, villes dans lesquelles il mène une brillante carrière. Très tôt, il se lie avec Mozart qui choisit d’arranger trois de ses sonates pour clavecin (écouter le 1er mvt de l’op.5 n°2) en un concerto (K. 107). En phase avec les modes du temps, il est le plus fêté des fils Bach. Parfaite illustration du style galant, il a tenté d’opérer la synthèse entre la lumière de l’Italie et la profondeur de l’Allemagne : écouter la Sinfonia op.6 n° 6 en sol m, mvt 1.
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