Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Berio
Luciano Berio est un compositeur italien né le 24 octobre 1925 à à“neglia (Ligurie) et mort le 24 mai 2003 à Rome. Il apprend le piano avec son père et se montre très doué. Malheureusement en faisant son service militaire, il se blesse à la main en manipulant une arme à feu. Finie la carrière de pianiste ! De 1946 à 1951, il étudie au conservatoire de Milan le contrepoint et la composition, et il découvre l’avant-garde musicale, notamment Arnold Schönberg, Alban Berg, Anton Webern mais aussi Béla Bartók, Igor Stravinski, Paul Hindemith et Darius Milhaud. Il gagne sa vie comme accompagnateur des classes de chant. À cette occasion il rencontre la chanteuse américaine Cathy Berberian, qu’il épousera en 1950 et avec laquelle il explorera toutes les possibilités de la voix à travers plusieurs œuvres dont la célèbre Sequenza III (1965 : rechercher sur Youtube).
En 1951, il se rend aux États-Unis pour étudier chez Luigi Dallapiccola qui le pousse vers le sérialisme. Il assiste à New York au premier concert américain comprenant de la musique électronique. Ce genre l’intéresse et ses premiers essais de musique sur bande magnétique datent de cette époque. En 1953, il effectue son premier pèlerinage à Darmstadt où il rencontre Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, György Ligeti et Mauricio Kagel. Il y retournera entre 1956 et 1959, y enseignera même en 1960, mais gardera toujours ses distances par rapport au dogmatisme sériel.
À partir de 1960, Berio retourne aux États-Unis où il mène une intense activité de chef d’orchestre et d’enseignant, notamment à la Juilliard School de New York entre 1965 et 1971. Il retourne vivre en Europe en 1972. À l’invitation de Boulez, il prend la direction de la section électroacoustique de l’IRCAM (1974-1980). À Florence, il fonde en 1987 un centre de même orientation que l’IRCAM. De 1994 à 2000, il est compositeur en résidence à Harvard où il compose jusqu’à la fin de sa vie.
Bien que Berio soit entouré de compositeurs sérialistes, il juge ce monde renfermé, ne s’adressant qu’à une fraction du public. Il refuse donc de s’associer à une seule école de pensée musicale et se veut ouvert à tous les styles. Son œuvre est donc très diverse. Toujours savante, souvent complexe, elle est caractérisée par un lyrisme constant (ça chante toujours), la virtuosité (jamais gratuite), la finesse de l’orchestration et un goût pour la citation : chant populaire (écouter le Folk Song n°7), musique baroque (Claudio Monteverdi), précurseurs de la modernité, notamment Achille Claude Debussy, Gustav Mahler, Igor Stravinski... : le troisième mouvement de Sinfonia (1968 : voir introduction musicale), avec ses multiples citations et superpositions d’œuvres du répertoire, est devenue l’archétype des œuvres basées sur le principe du collage.
Toute sa vie, il a défendu une musique politiquement engagée mais tournée vers la recherche d’un nouveau langage, qui surprend et dérange. Les références littéraires sont nombreuses dans son œuvre. Ce sont des écrivains difficiles qu’il choisit (James Joyce, Samuel Beckett, Marcel Proust, Bertolt Brecht). Le texte est fragmenté, désarticulé, jusqu’à devenir un véritable matériau sonore : écouter le début de Laborintus II (1965). Son besoin constant d’interroger l’histoire se révèle à travers ses nombreuses transcriptions, arrangements et réorchestrations. C’est ainsi que, dans Rendering (1989), il reconstruit une "10e symphonie" de Franz Schubert.