Pour sensibiliser au mieux un(e) mélomane débutant(e), même très jeune, à une musique, classique ou non, il faut d’abord se ménager de bonnes conditions d’écoute : un environnement calme et une restitution sonore correcte. Il faut ensuite choisir des œuvres courtes (moins de 5 minutes), évocatrices (qui semblent décrire ou raconter quelque chose) et pleines de surprises (mélodies, rythmes, nuances, timbres…) : voir notre dossier Par quoi commencer pour aborder le classique. Il faut enfin, et c’est le plus important, susciter une écoute active de manière à capter l’attention de l’auditeur.
Il y a plusieurs façons de susciter de façon ludique l’écoute active d’une musique. Au plus jeune âge, la meilleure façon de procéder est de demander à l’enfant de traduire ce qu’il entend avec son corps : c’est d’ailleurs ce que les parents font avec leur bébé pour leur faire vivre les comptines (exemple sur YouTube). Toujours avec son corps, mais pour des enfants plus âgés, il s’agirait, à la manière d’un chef d’orchestre, de suggérer par ses gestes les ruptures de tempo, les contrastes de nuances ainsi que la succession des sensations et des sentiments ressentis.
Dès que l’enfant est capable de tenir un crayon, on peut lui demander de dessiner ce que lui suggère une musique particulièrement évocatrice comme l’œuvre d’Achille Claude Debussy en offre de nombreux exemples dans ses Préludes et ses Images pour piano. Il sera alors aisé de lui faire raconter, à partir de ses dessins, une histoire qui suit les différents épisodes de la musique.
Le jeu suivant s’adresse à des plus grands, à partir du collège. Il consiste à essayer de traduire verbalement ce qui rapproche et ce qui sépare des œuvres illustrant un même sujet : voir notre dossier Un même sujet pour des musiques très différentes. Pour faciliter la verbalisation, une trame d’analyse pourra être proposée : qu’en est-il du caractère (mélancolique, joyeux ou enjoué), de l’atmosphère (paisible, mystérieuse ou solennelle), du rythme (dansant, emporté ou haletant), de la mélodie (chantante, souple ou désarticulée), de la nuance (douce, forte ou moyenne), du timbre (éclatant, sombre ou limpide) ?
Dès que l’enfant sera capable de se servir d’un ordinateur, on pourra visiter avec lui (à petites doses et avec un bloqueur de publicités :P) quelques liens vers Youtube permettant de visualiser la structure de musiques connues en même temps qu’on les entend (ce qui est une bonne façon d’inviter à une écoute active). Attention : les liens vers les musiques hébergées sur Youtube sont susceptibles de ne plus fonctionner du jour au lendemain. Quand c’est possible, privilégiez les sources "officielles", soit des vidéos publiées directement par l’interprète ou un ayant-droit.
Pour commencer en douceur, voici un lien qui vous permet de mieux comprendre la structure du menuet classique : il s’agit de la gavotte de la Symphonie classique que Serge Prokofiev a composée en 1917 (écouter et voir). Le lien suivant permet de comprendre la structure de la forme rondo dans la Sonate No 37 de Joseph Haydn : écouter et voir. Autre exemple de rondo dans le 4ème mvt du Concerto Brandebourgeois n°1 (1721) de Johann Sebastian Bach (écouter et voir).
Et voici la partition annotée d’une fugue (BWV 846) du même Bach (pas trop rapide pour bien suivre l’entrée successive des 4 voix) : écouter et voir. Pour cette autre fugue de Bach, la séparation des 3 voix permet d’en visualiser facilement l’entrée et la progression parallèle. Essayez d’écouter d’abord le développement de chaque voix séparément (thème, contre-sujet, thèmes secondaires) puis les 3 ensemble pour saisir la subtilité du contrepoint (écouter et voir).
On peut visualiser des structures moins classiques, par exemple : une forme narrative dans Roméo et Juliette d’Hector Berlioz (écouter et voir) et également la forme de la Fantaisiedans la Mephisto-Valse n°1 pour piano de Franz Liszt (écouter et voir). On constate donc que, quand une œuvre présente une certaine complexité, la visualisation de sa structure permet d’en comprendre et d’en suivre plus attentivement le déroulement. C’est le cas de la Sonata pian’ e forte composée par Giovanni Gabrieli en 1597 (écouter et voir). C’est aussi le cas de la Sonate en trio pour orgue No 2 (BW 526) de Bach (écouter et voir).
Et pour couronner le tout, voici un site très riche à explorer pour en découvrir les différentes écoutes actives : ecouteactive.fr.