Pressé(e) ? Découvrez la biographie courte de Bach
Entre la prodigieuse floraison du baroque tardif (Antonio Vivaldi, Jean-Philippe Rameau, Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich Haendel, etc.) et le miracle d’équilibre du classicisme (Joseph Haydn, Wolfgang Mozart), s’insère une période de profonde évolution du goût et du style. C’est dans cette mutation, déjà en germe chez Haendel et Telemann, que s’inscrivent les fils de J. S. Bach, à commencer par son fils ainé, Wilhelm Friedmann.
Wilhelm Friedmann, né à Weimar le 22 novembre 1710, est le second des nombreux enfants de Jean Sébastien : neuf filles et onze garçons ! Il reçoit une éducation soignée : latin, droit et surtout musique. Il acquiert rapidement une maîtrise complète du contrepoint et montre des dispositions exceptionnelles pour l’orgue et le clavecin ainsi que pour le violon.
Brillamment diplômé, il obtient en 1733 un poste d’organiste à Dresde. Son père lui prévoit un bel avenir : « Seul Wilhelm Friedeman réussira à percer durablement même s’il lui faudra du temps avant de réussir. »
En 1746, il devient directeur de la Musique et organiste de l’église Notre-Dame de Halle. C’est pourquoi il est parfois désigné comme le « Bach de Halle ». Il y fait notamment la connaissance de Haendel, natif de cette ville. Après la mort de son père, il mène une existence terne à Halle d’où il s’absente souvent pour trouver un autre poste.
Il abandonne finalement son poste à Halle en 1764. À cette époque, les musiciens sont presque toujours attachés au service d’un prince, d’une église, d’une ville, d’un opéra ou de quelque organisation puissante et riche. N’ayant plus de position stable, W.F. essaye d’assurer ses ressources en donnant des concerts, des cours et en composant (écouter le début de la Sinfonia F.67 en fa M). Il est donc l’un des premiers musiciens à tenter de mener une carrière indépendante ; ce qui ne lui réussit guère car il sombre progressivement dans la pauvreté et, d’après des rumeurs non avérées, dans l’alcoolisme.
En 1770, il quitte Halle pour Brunswick puis s’établit finalement à Berlin en 1774. Là , il organise plusieurs concerts d’orgue qui remportent du succès et le font remarquer de la sœur de Frédéric II. La princesse lui apporte son soutien, mais elle le lui retire par la suite vers 1778 lorsqu’il est soupçonné (dans des conditions inconnues) d’avoir intrigué contre son professeur de musique, Johann Philipp Kirnberger.
Wilhelm Friedemann Bach meurt le 1er juillet 1784 à Berlin, dans le dénuement.
Il était sans doute le plus doué des enfants de Jean-Sébastien mais, trop marqué par l’héritage de son père (écouter le début de la Cantate ”Erzittert und fallet”), il ne parviendra pas aussi bien que ses frères Carl Philipp Emanuel Bach ou Johann Christian, à accompagner l’évolution de la musique du ”baroque” au ”classique”. Par contre, très épris de liberté, il anticipa la condition sociale du musicien en tentant de vivre en artiste indépendant… mais il avait un siècle d’avance. De plus, son caractère difficile et sa personnalité tourmentée ne pouvaient pas aider à sa réussite sociale.
Sa musique pour clavier, avec ses brusques ruptures et son attirance pour le chromatisme, reflète parfois l’influence du style ”Empfindsamkeit” cher à son frère Carl Philipp Emanuel (écouter le début de la Sonate F.7 en sol majeur). On en retrouve l’empreinte même dans des formes contrapuntiques comme la fugue (écouter la Fugue F.31 n° 4 en ré mineur).
Avec Carl Philipp Emanuel, il hérita des partitions et des manuscrits de son père. Mais, contrairement à son frère cadet qui fut un conservateur soigneux des précieux documents, Wilhelm Friedemann dispersa les siens, d’où de regrettables pertes. Il s’est par ailleurs prétendu auteur de certaines compositions de son père et a écrit son nom sur certains de ses manuscrits, ce qui a longtemps induit les éditeurs en erreur.