Depuis des siècles, musique et littérature sont associés. L’opéra, créé vers 1600 par Claudio Monteverdi, en est le plus bel exemple. Dès le début du 19ème siècle, les deux arts vont l’être encore un peu plus avec les lieder, de Goethe (textes) et Franz Schubert par exemple. De plus, de nombreux compositeurs de l’époque vont avoir une éducation littéraire : Robert Schumann est fils de libraire et devient critique musical, Felix Mendelssohn-Bartholdy rencontra Goethe...
En 1830, Hector Berlioz va amener une révolution à cette union. En effet, sa Symphonie fantastique a été composée à partir d’un texte mais ce dernier ne figure pas dans la symphonie puisqu’elle est uniquement instrumentale. C’est le début de la musique à programme. Quant au poème symphonique, cas particulier de la musique, il doit répondre à la définition suivante : « pièce musicale en un mouvement, qui par contraste avec la structure et le développement de la symphonie classique, subordonne cette structure et ce développement à un symbole que la musique rappelle ou suggère« . Le poème symphonique apparaît aux alentours de 1850 avec Franz Liszt qui composera entre autres Mazeppa (1854 ; écouter le début) et Les Préludes (1853 ; écouter un extrait).
Ainsi, nous avons vu que c’était Liszt qui était le père du poème symphonique. Il en a écrit plus d’une dizaine parmi lesquels Les Préludes dont l’argument est purement philosophique : « Notre vie est-elle autre chose qu’une série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ?« . Mazeppa (qui est une orchestration d’une des études transcendantes pour piano) décrit plutôt une légende, celle d’un Polonais prit en flagrant délit d’adultère qui est condamné à être attaché nu sur son cheval. Il est retrouvé par des Cosaques et devient leur chef. Dans son poème consacré à Mazeppa, Victor Hugo écrira : « Il tombe enfin ! et se relève roi« . Ce vers figure sur la partition de l’étude transcendante.
Ainsi parlait Zarathustra (1896 ; écouter le début) de l’autre grand compositeur de poème symphonique germanique Richard Strauss, est un compromis entre Mazeppa et les Préludes puisque son argument est composé d’une légende et d’une réflexion philosophique : « Après dix ans de solitude dans les Alpes, Zarathoustra descend vers les humains pour parler au peuple qui ne l’écoute pas et préfère un danseur de cordes : il se constitue un groupe de fidèles auquel il fait passer un message contre le moralisme, pour la guerre contre les faibles et pour la vitalité du Surhomme« .
Du coté des Français, on peut noter Camille Saint-Saëns et sa célèbre Danse macabre (1874 ; écouter le début), inspirée d’un poème de Jean Lahor : « Zig, zig, zig, la Mort à minuit joue un air de danse, zig, zig, zig sur son violon« . César Franck en a composé (à la demande de ses élèves Vincent d’Indy, Ernest Chausson et Henri Duparc) mais écrira des œuvres de musique "pure" puisqu’il respectera par exemple la forme sonate bithématique dans certains de ses poèmes symphoniques. Son plus grand succès dans le domaine reste Le chasseur Maudit (1882 ; écouter le début) sur un texte de Burger : « Pendant les nuits de tempête les âmes des morts qui n’ont pas pu trouver la paix passent en hurlant dans les ténèbres, emplissant l’espace de leur galop« .
Enfin, nous pouvons mentionner pour les pays de l’est Antonin Dvorak avec L’Ondin (Vodnàk, 1896 ; écouter le début) et Le chant héroïque (1897 ; écouter le début). Une nuit sur le Mont Chauve (1867 ; écouter le début) est quand à lui le grand succès de Modest Moussorgski. Pour son compatriote Alexander Borodine, citons Dans les steppes de l’Asie centrale (1880 ; écouter le début). Enfin, il nous reste à évoquer Finlandia (1899 ; écouter le début) de Jean Julius Christian Sibelius, ce dernier étant géographiquement situé plus au nord qu’à l’est.
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