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7 - Où va la musique d’aujourd’hui ?

azerty (†), le 07/02/2015

I. Milieu du XXème siècle (1930-1980)

Dans le domaine de la musique, l’après-guerre voit se poursuivre les démarches entreprises précédemment par Arnold Schönberg, Béla Bartók, Igor Stravinski, Anton Webern ou Edgar Varèse. On assiste au développement des recherches sur l’atonalité mais aussi sur : l’utilisation du hasard (Cage) ou au contraire de formules mathématiques (Xenakis) ; la spatialisation du son ; la théâtralisation de l’exécution ; l’introduction de sons enregistrés (Henry) ; etc. Même quand le sentiment tonal reste très présent chez des indépendants comme Kurt Weill, Dimitri Chostakovitch ou Benjamin Britten, le langage traditionnel est fortement mis à mal.

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Kurt Weill (1900-1950) : sa musique, inspirée du cabaret, est âpre et faussement simpliste ; exemple : L’Opéra de quat’sous (1928 : écouter l’Ouverture).

- George Antheil (1900-1959) : illustre le futurisme en musique avec son Ballet Mécanique (1925 : écouter un extrait).

- André Jolivet (1905-1974) : musique énergique, souvent modale, aux sonorités et aux rythmes audacieux, fréquemment incantatoire, toujours empreinte de générosité, de spiritualité et d’humanisme : écouter la fin du 1er mvt extraite du Concerto pour trompette (1954) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Jolivet

- Giacinto Scelsi (1905-1988) : annonce l’école spectrale ; exemple : 4 Pièces sur 1 note (1959 : écouter la 1ère) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Scelsi

- Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : malgré la censure du régime soviétique, il laisse une œuvre abondante partagée entre l’ironie et le tragique ; exemple : sa Symphonie n° 8 (1943) : écouter un extrait du 3ème mvt).

- Olivier Messiaen (1908-1992) : recours permanent au chant des oiseaux ; musique colorée et rythmiquement complexe ; exemple : Éclairs sur l’Au-Delà  (1987 : écouter un extrait).

- Pierre Schaeffer (1910-1995) : père de la musique concrète avec Pierre Henry (voir plus bas) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Schaeffer.

- John Cage (1912-1992) : compositeur expérimental, il invente le piano préparé ; il exploite le hasard à l’extrême ; exemple : Music of Changes (1951 : écouter le début).

- Benjamin Britten (1913-1976) : indépendant de toute école, il apporte clarté et transparence à la musique anglaise avec son opéra Peter Grimes (1945 : écouter l’interlude n°1).

- Henri Dutilleux (1916-2013) : autre indépendant de toute école, se distingue par sa clarté et sa poésie ; exemple : Métaboles (1965 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Dutilleux.

- Iannis Xenakis (1922-2001) : il met les maths au service du son ; exemple : Metastasis (1954 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Xenakis.

- György Ligeti (1923-2006) : mêle invention et facétie, préfigure les courants spectral et minimaliste ; exemple : Ramifications (1969 : écouter un extrait) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Ligeti.

- Luciano Berio (1925-2003) : avec ses amis Boulez et Stockhausen, il mène l’aventure du sérialisme intégral ; puis crée une œuvre très diverse caractérisée par un lyrisme constant ; exemple : Sinfonia (1969 : écouter le début du 3ème mvt basé sur le principe du collage) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Berio.

- Pierre Boulez (né en 1925) : connu pour avoir poussé le sérialisme jusqu’à ses extrêmes limites ; élabore néanmoins un tissu sonore coloré, délicat et comme en apesanteur (car libéré de la mesure et de la tonalité) ; exemple : Le Marteau sans maître (1954 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Boulez.

- Pierre Henry (né en 1927) : pionnier de la musique concrète ; exemple : Symphonie pour un homme seul (1949 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Henry.

- Karlheinz Stockhausen (1928-2007) : iconoclaste, il découvre successivement le sérialisme, la musique concrète, l’utilisation du hasard et la spacialisation du son ; globalement, ses recherches portent sur le temps dans une dimension mystique ; écouter le début de Klavierstück XI (1956) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Stockhausen.

II. De 1970 à aujourd’hui

Pour les contemporains, les voies de la création n’ont jamais été aussi ouvertes. Mais cette formidable liberté n’est-elle pas illusoire ? Car il semble bien qu’aujourd’hui toutes les expériences aient été tentées. Que reste-t-il aux compositeurs actuels, sinon de faire usage de tout ce qui a été inventé avant eux pour le mettre au service d’une expression autant que possible « personnelle ». Ce que l’on entend généralement, c’est une recherche d’ambiances et de timbres inouis, la mélodie et le rythme étant mis au service du son.

Il faut aussi noter globalement un rejet de l’hermétisme du post-sérialisme. On assiste entre autres dans les courants « planants » et minimalistes à un fort retour du sentiment tonal et de la consonance. Mais les recherches « cérébrales » n’ont pas pour autant disparu. Signalons notamment le recours permanent à l’informatique ainsi que l’apparition de l’aride courant spectral.

En fait, la plupart des compositeurs actuels empruntent une voie indépendante s’efforçant d’être à mi-chemin entre « prise de tête » et recherche d’une jouissance sonore.

Plus d’informations sur Wikipedia : musique post-moderne et musique expérimentale

a) Les spiritualistes planants

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Henryk Górecki (1933-2010) : écouterle lento de la 3ème Symphonie (1976) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Gorecki.

- Krzysztof Penderecki (né en 1933) : climat plutôt expressionniste. Exemple : son Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Penderecki.

- Arvo Pärt (né en 1935) : écouter la fin de Cantus in memoriam Benjamin Britten (1977) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Pärt.

b) Le courant répétitif minimaliste

La musique minimaliste est un courant apparu dans les années 1960 aux États-Unis. En France, le courant est fréquemment appelé ”musique répétitive”. Caractérisée par le retour à la tonalité, une pulsation régulière et la répétition obsédante de courts motifs évoluant lentement, ce mouvement est souvent taxé de produit de consommation superficiel et n’ayant d’autre effet que d’hypnotiser les auditeurs. Cependant, au-delà d’une réaction au sérialisme, il marque l’émergence d’une musique américaine novatrice, déliée de ses attaches européennes comme de l’approche conceptuelle expérimentale telle que la pratique John Cage. La télévision et le cinéma l’ont utilisée abondamment.

Plus d’informations sur Wikipedia : musique minimaliste - musique classique des États-Unis

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Terry Riley (né en 1935) : pionnier du minimalisme avec In C (1964 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Riley.

- Steve Reich (né en 1936) : première œuvre reconnue : Music for 18 Musicians (1976 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Reich.

- Philip Glass (né en 1937) : il préfère utiliser l’expression « musique avec structures répétitives », indiquant que l’aspect répétitif n’est pas prépondérant ; exemple : Concerto pour violon et orchestre (1987 : écouter le début du mvt n°3) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Glass

- Michael Nyman (né en 1944) : essentiellement connu pour ses musiques de films, dont la plupart pour Peter Greenaway ; écouter un extrait de Drowning by Numbers (1988) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Nyman.

c) Musique et ordinateur

De nombreux compositeurs utilisent les nouvelles technologies, soit pour modifier le son des instruments traditionnels, soit pour manipuler des sons de la nature, soit pour créer de nouveaux sons. C’est la rencontre entre art, science et technologie dont rêvait déjà Edgar Varèse : « La musique, qui doit vivre et vibrer, a besoin de nouveaux moyens d’expression, et la science seule peut lui infuser une sève adolescente. ».

Plus d’infos : informatique musicale ; Musique électronique ; Instrument de musique assisté par ordinateur.

Principale personnalité :

- Jean-Claude Risset (né en 1938) : participe avec Boulez à la création de l’IRCAM ; puis c’est au sein du CNRS qu’il poursuit ses recherches ; écouter le début extrait de Sud (1985) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Risset.

d) Le courant spectral

La musique spectrale s’est développée au cours des années 1970-1980 grâce aux progrès de l’analyse du spectre sonore permis par l’informatique. Elle recouvre généralement les techniques de composition développées principalement par les compositeurs français : Gérard Grisey (1946-1998) et Tristan Murail (1947-).

À l’origine du spectralisme français on retrouve le nom de l’italien Giacinto Scelsi (écouter la 1ère des 4 Pièces sur 1 note, 1959), que Grisey et Murail ont bien connu lors de leurs séjours en Italie. Ailleurs qu’en France, en Roumanie, en Italie et au Canada, d’autres mouvements similaires sont apparus dans les années 1970.

Le principe repose sur l’observation fine du son (notamment de ses composantes harmoniques). Cette démarche, suivie intuitivement par Ligeti (écouter un extrait de Ramifications) est dès lors menée scientifiquement. Schématiquement, le résultat est un processus d’évolution lente et progressive d’un phénomène sonore permettant de saisir toutes les dimensions du son. En réaction au sérialisme généralisé des années 1960, la musique spectrale est un retour à la perception, à un intérêt pour les notions d’anticipation, de surprise et de composition des phénomènes continus en musique.

La tendance spectrale trouve volontiers des références ponctuelles dans l’histoire de la musique : les canons de la Renaissance (écouter le début de Deo gratias de Johannes Ockeghem), la longue pédale du début de L’Or du Rhin de Richard Wagner (écouter).

e) Autres compositeurs français d’aujourd’hui

Trouver sa place n’est pas simple pour les compositeurs nés après 1950 : tant d’expériences ont été tentées, des plus folles aux plus sages. Que reste-t-il à faire ? La plupart cherchent leur chemin en dehors des écoles. Globalement, les plus aventureux travaillent sur le son plutôt que sur la mélodie ou le rythme en mettant à profit les fantastiques possibilités offertes par l’informatique.

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Philippe Manoury (né en 1952) : dans sa couleur orchestrale, on sent l’influence de ses illustres aînés, notamment Dutilleux (voir plus haut) ; exemple : Fragments pour un portrait (1998 : écouter Ombres) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Manoury.

- Pascal Dusapin (né en 1955) : style caractérisé par l’emploi de la microtonalité et d’une polyphonie généreuse, le sens de la mélodie et le goût pour la voix (dont il reproduit l’intonation dans l’écriture instrumentale) ; exemple : Galim (1998 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Dusapin.

- René Aubry (né en 1956) : musique « fonctionnelle » (spectacles, danse, génériques) ; écouter le début de Après la pluie (1993).

- Gérard Pesson (né en 1958) : démarche très cérébrale débouchant souvent sur le spectacle ; exemple : Forever Valley, opéra (2000 : écouter l’intro) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Pesson.

- Patrick Burgan (né en 1960) : musique expressive et sensuelle au caractère théâtral ; écouter le début de Jeux de femmes (1989) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Burgan.

- Nicolas Bacri (né en 1961) : rationalité mais lyrisme, sentiment tonal ; exemple : Troisième concerto pour violon (2003 :écouter le début du mvt 3) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Bacri.

- Marc-André Dalbavie (né en 1961): remarquable orchestrateur, nourri de références (Stravinsky, Bartok…) ; écouter la 3ème pièce de Seuils (1993) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Dalbavie.

- Thierry Escaich (né en 1965) : entre Ravel et Dutilleux ; lyrisme fiévreux, un élan rythmique implacable et recherche de couleurs chatoyantes ; exemple : La Barque solaire (2005 : écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Escaich.

- Éric Tanguy (né en 1968) : franchise et verdeur de l’expression très séduisantes ; écouter le final du Concerto pour violoncelle n°2 (2000) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Tanguy

- Bruno Mantovani (né en 1974) cultive les contrastes entre très doux et très fort, entre climat méditatif et emportement fiévreux ; exemple : La Morte Meditata (écouter le début) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Mantovani.

f) Autres compositeurs de la fin du XXème siècle

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Toru Takemitsu (1930-1996) : un impressionniste à la mode japonaise (écouter un extrait de Rain Spell, 1983) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Takemitsu.

- Mauricio Kagel (1931-2008) : collage et mise en scène (ci-dessous, une vidéo d’Oberlinpercussion) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Kagel.

- Alfred Schnittke (1934-1998) : écriture «poly-stylistique» mêlant pathétique et ironie (écouter le mvt 2 «Toccata», extrait du Concerto Grosso N°1, 1977) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Schnittke.

- Ivan Fedele (né en 1953) : musique d’atmosphère (écouter le début extrait de Profilo in eco, 1995) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Fedele.

- Toshio Hosokawa (né en 1955) : zen (écouter le début du Concerto pour saxophone, 1999) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Hosokawa.

- Erkki-Sven Tüür (né en 1959) : musicien éclectique (écouter le début de Conversio, 1994) ; plus d’infos sur le site de l’IRCAM : Tüür.

La musique de film

On ne peut clore ce dossier sans citer quelques compositeurs de musique de film. Ce genre apparaît à beaucoup comme une "troisième voie", entre la musique dite « de variété » et la musique classique d’aujourd’hui (c’est-à -dire contemporaine). De nombreux compositeurs « classiques » ont beaucoup écrit pour le cinéma. Notamment : Arthur Honegger, Sergueï Sergueïevitch Prokofiev ou Chostakovitch… Cependant, composer une musique de film requiert une grande souplesse d’esprit pour s’adapter aux exigences du réalisateur. De sorte que c’est presque devenu une activité spécialisée.

Chacun a sa manière de l’appréhender, de la définir et de la pratiquer. Il y a ceux qui se fondent à l’image et ceux qui s’en détachent, ceux qui inventent et ceux qui recyclent, les fabricants de mélodies et les faiseurs de climats. Il y a ceux qui vont ”jazzer”, "médiévaliser", "folkloriser", etc. Bref, la musique de film est un univers à multiples facettes, où dominent Michel Legrand, Maurice Jarre, Joseph Kosma, Francis Lai, Philippe Sarde ou Georges Delerue en France... Ennio Morricone, Nino Rota, John Barry, John Williams ou Joe Hisaishi ailleurs.

Plus d’informations sur Symphozik : La musique de film.

Principales personnalités classées par ordre chronologique :

- Bernard Herrmann (1911-1975) : compositeur fétiche d’Hitchcock : écouter Prélude et Meurtre, extrait de la musique pour"Psychose".

- Nino Rota (1911-1979) : connu pour ses musiques des films de Fellini (écouter musique pour Casanova).

- Leonard Bernstein (1918-1990) : connu pour West Side Story (1957 : écouter la chanson « América »)

- Georges Delerue (1925-1992) : connu pour ses musiques des films de Godard, de Broca, Oury et Truffaut (extrait de La Nuit américaine, 1973, écouter le grand choral).

- Ennio Morricone (né en 1928) : compose pour Sergio Leone, Lautner... (écouter Chi Mai extrait du "Professionnel").

- John Williams (né en 1932) : musiques des films de Spielberg et Lucas (écouter les thèmes de Starwars, 1977).

- Michel Legrand (né en 1932) : musique ”légère” (chansons, films) : écouter un extrait des Demoiselles de Rochefort (1967)

Liens

Pour une introduction à l’histoire de la musique, voir aussi ces sites :

- excellent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire de la musique classique occidentale

- très complet : http://www.ars-classical.com/hist-de-la-musique.html

Ressources liées

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